Début du printemps : |
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Quelle est la situation au moment de l'ouverture de la pêche du brochet (mi-Mai en général) ?
Les eaux se réchauffent rapidement et le monde aquatique est en pleine effervescence. Le brochet a terminé sa reproduction, le sandre s'y emploie. Le facteur clef, celui qui doit nous intéresser en priorité, c'est la reproduction du poisson blanc.
Pourquoi ? Les carnassiers sortent amoindris, affaiblis de leurs ébats amoureux : atrophie du système digestif, efforts physiques, stress, ovogenèse, perte des réserves graisseuses. Ils doivent se refaire une santé d'urgence, mais ne sont pas vraiment en mesure de jouer les "seigneurs de guerre", ils ont le souffle court. Or, au même moment, d'énormes quantités d'ablettes, gardons et autres se concentrent en certains points précis pour la ponte.
Aubaine ! Si braconner les frayères est pour nous un acte condamnable, les carnassiers n'ont pas ce genre de scrupule. On imagine la puissance d'attraction que ces rassemblements de proies, ayant perdu tout ou une partie de leur instinct de conservation, peuvent exercer sur des prédateurs qui n'ont qu'à ouvrir le gueule pour s'en fourrer jusque là !
S'il est une période de l'année où l'image d'Épinal du brochet tapi au coeur d'un herbier et défendant jalousement son territoire de chasse est prise en défaut, c'est bien celle-là.
Photo: exemple de frayère classique: la forêt de saules inondée. Ici à l'embouchure de la Maïre, lac de ste Croix.
En effet, une concentration des proies entraine une concentration des prédateurs, et c'est ainsi que l'on assiste à des comportements atypiques (mais pas illogiques) de la part des brochets.
Exemples: brochets pélagiques (en pleine eau) pistant en surface les bancs de fretins baladeurs, présence sur le même site de plusieurs individus entrant simultanément en phase alimentaire avant de retourner à leur cohabitation digestive, très gros sujet posté dans un mètre d'eau et ne s'intéressant qu'à des alevins ou au contraire brocheton s'étouffant avec un gardon d'une livre, postes "classiques" désertés au profit des plages.
Autrement dit le conseil bien connu "Pour trouver le carnassier, cherchez son garde-manger" est ici un impératif absolu. L'ignorer, c'est s'exposer à une bredouille méritée.
Ce qu'il faut retenir, c'est que :
1- Les carnassiers, et pas seulement les brochets, peuvent très bien se concentrer provisoirement dans un secteur précis lorsque la nourriture est abondante et facile à prendre. Pour donner une idée j'ai vu de mes yeux un brochet et un sandre côte à côte dans 50 cm d'eau, tournés vers la rive où les ablettes étaient en train de frayer.
2- Ce n'est pas parce que les brochets sont rassemblés que la pêche est forcément facile. Ils ont de la nourriture facile à profusion, et se gavent rapidement. Les périodes de chasse sont épisodiques et ne durent pas longtemps, d'autant que les carnassiers ne sont pas en pleine forme.
3- Lorsqu'ils sont rassasiés les brochets peuvent s'écarter de la frayère, mais ils restent dans les parages. En lac où les couches d'eau profondes sont encore froides on risque de les trouver plus au large mais près de la surface, par exemple dans 4 mètres d'eau alors qu'il y a 15 mètres à cet endroit...
La localisation des bancs de poissons blancs est plus ou moins facile selon les espèces et le stade de leur reproduction. Les regroupements qui précèdent la ponte et la migration des zones profondes vers les frayères peuvent passer inaperçus, notamment en lac.
Lorsque les eaux sont encore froides, les secteurs abrités, les arrivées de ruisseaux ou la proximité des haut-fonds chauffés par le soleil printanier sont à prospecter en priorité, car tous les poissons ont tendance à se rassembler près de leur frayère quelques temps avant de passer à l'acte.
Lorsque les blancs entrent en phase de reproduction active, leur localisation est souvent facilitée par des manifestations visuelles (reflets, remous) et sonores (ébats en surface et en bordure). Consacrer quelques journées avant l'ouverture à l'observation du plan d'eau et à la recherche d'indices est une excellente démarche, bien supérieure à celle qui consiste à choisir un poste simplement parce qu'il est réputé, qu'il nous a bien réussi l'automne dernier... ou qu'il est tout près de la voiture...
Lorsqu'on trouve une frayère à poisson blanc il faut s'en rappeler, et noter si possible la température de l'eau, car il est probable que l'année suivante il viendront pondre au même endroit lorsque la température sera identique. Noter aussi la date, mais en sachant que les conditions météo peuvent changer d'une année sur l'autre, et que c'est la température qui compte plus que le calendrier.
Enfin il faut savoir que toutes les espèces de blanc ne fraient pas aux même endroits. Par exemple brèmes et gardons vont chercher une bordure peu profonde de roseaux ou de joncs, de préférence exposée au Sud et à l'abri du vent dominant, tandis que les ablettes qui n'ont pas besoin de support de ponte fraient plus souvent sur des fonds de gravier ou de cailloux propres, donc plus exposés au vent. Si bien qu'il faut parfois surveiller les deux rives...
La fraie des brèmes intéresse moins les carnassiers que celle des ablettes et gardons, mais se sont souvent de grosses pièces. De plus quand les gros cyprinidés (carpe, brème, tanche) pondent, le fretin accoure pour se nourrir des oeufs, entraînant quelques carnassiers derriere eux.
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