La pêche professionnelle au lançon (suite)

Que la pêche commence...

bar
Pour peu que le secteur soit bien peuplé, rapidement tous les prédateurs du coin accourent. Sur roche : bar, orphie, maquereau, vieille, et sur épave : lieu, merlan, julienne, etc. Et bien sûr l'inévitable tacaud.

La poursuite des lançons prend vite une tournure frénétique, toutes ses proies qui s'enfuient dans tous les sens rendent le poisson fou. Il n'y a plus qu'à mettre la ligne à l'eau. Les montages sont rudimentaires et les bas de ligne solides : le poisson perd toute méfiance et il faut le sortir en force (sauf les grosses pièces à qui l'on fait l'honneur de l'épuisette).

 

Pour le bar sur roche le montage de base consiste en un chapelet de grosses chevrotines pincées au dessu de l'émerillon : cela permet de modifier le plombage et ça passe mieux dans les accrocs qu'un gros plomb. Le bas de ligne est en 35 ou 40/100. Il arrive que l'on préfére une plombée massive, notamment quand le coup est envahi d'orphies. Les bars se tiennent près du fond et les orphies restent plutôt en surface : il faut alors que l'appât descende très vite pour espérer leur échapper.
montage Les touches de bar sont franches et se traduisent par une tirée lourde. On rend la main une seconde et on ferre, puis le poisson est monté d'autorité ou fatigué selon sa taille. On pique un nouveau lançon et on recommence.

Il faut aller vite : quand un pro accepte de vous prendre à bord gratuitement ce n'est pas seulement pour faire du tourisme mais aussi pour lui donner un coup de main, et il apprécie beaucoup que l'on soit "performant". Dans le cas contraire il ne dira rien, mais n'espérez pas être invité à nouveau : il y en a d'autres qui attendent...

Sur épave, c'est pas mal non plus...

Les meilleures épaves sont souvent à une heure ou deux de bateau. C'est long mais quand on y est on ne regrette pas le voyage, même quand la mer "tabasse" un peu...
L'ancrage est plus délicat compte tenu de la profondeur (50 m environ), du courant puissant et du risque de perdre l'ancre sur l'obstacle. Il faut pardois s'y reprendre plusieurs fois avant d'être pile sur l'épave

lieuL'amorçage commence, et rapidement les carnassiers passent à l'offensive. Au début les touches ont lieu au fond, mais le poisson finit par monter à la rencontre des proies. Il faut alors pêcher entre deux eaux, et prendre un repère de profondeur, par exemple le nombre de tours de manivelle si l'on pêche à la canne.

Les pros prèfèrent tenir la palangrotte à la main, et il n'y a pas photo, ça va plus vite quand on a pris le coup. À la canne c'est plus amusant, mais il faut prévoir du matériel solide, car le lieu est un poisson puissant et quand on en a deux ou trois de 7 kilos qui se pendent en même temps ça déménage...

Le montage est un pater noster avec un plomb de 300 gr et 4 potences. Deux hameçons sont eschés de lançons vivants, les deux autres de lançons en plastique. On laisse couler au fond puis on décolle rapidement de plusieur mètres pour éviter (pas toujours) l'accrochage. Si on n'a pas eu de touche après 15 secondes on remonte par étapes pour trouver la bonne profondeur.
Les attaques sont violentes, on laisse filer sur 50 cm et on ferre, puis on commence à remonter mais sans se presser : en se débattant le poisson excite ses congénéres qui se jettent sur les autres hameçons. C'est comme ça qu'on arrive à faire des doublés, triplés et même quadruplés...

Les petits plus qui font la différence ;-)

Certains trouveront que c'est là une pêche sans finesse, voire même une boucherie. Il faut comprendre que ces pêcheurs se battent pour survivre face à la concurrence des chalutiers ou de l'aquaculture qui cassent les prix. Même si le bar de ligne se vend plus cher, la plupart ont du mal à joindre les deux bouts, mais ils aiment cette pêche et s'accrochent.


langoustesPersonnellement je ne dis pas que je ne ferais que ça, mais chaque année j'attends avec impatience mon séjour à l'île d'yeu. Non seulement la pêche est bonne et amusante, mais l'ambiance est au beau fixe. Même si les marins s'en défendent, il est de tradition que les invités apportent avec eux quelques litres de rosé ou de rouge (du bon de préférence :-), et il est rare qu'il y ait des rescapées...

Et quand le patron du bateau est en plus un copain, on a parfois de bonnes surprises, comme ce casse-croûte improvisé avec quelques "crustacés" sortis du vivier au dernier moment pour être cuits sur le réchaud de bord. Comme quoi la vie de marin pêcheur a aussi quelques avantages...

 
 



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