Décrocheurs : mode d'emploi |
L'art du décrochage passe par une foule de petits détails triviaux, mais qui ajoutés les uns aux autres font la différence entre un pêcheur efficace et un pêcheur frustré. La mise en oeuvre du décroche-leurres n'est qu'une des facettes de cet art, la phase ultime en quelque sorte.
Le premier pas consiste à ne pas s'accrocher trop souvent. Cela sort un peu du cadre de ce chapitre, mais il est clair qu'un débutant s'accroche plus facilement qu'un pêcheur chevronné, parce qu'il manque de précision dans ses lancers, n'anticipe pas, conduit mal sa ligne, se place mal, se laisse surprendre et ferre systématiquement dans les obstacles, etc.
Il n'y a pas de honte à ça -tout le monde y est passé- et pas trop de remèdes non plus, mis à part la pratique et l'habitude qui seules peuvent donner les bons réflexes.
Le deuxième pas consiste, en cas d'accrochage, à ne pas tirer comme une brute sur la canne en espérant que "ça va lâcher" : en général ça ne lâche pas et l'on enfonce l'hameçon solidement dans l'obstacle, rendant les tentatives de décrochages ultérieures encore plus aléatoires. Dans certains cas on peut même dépasser la limite de rupture de la canne...
Au lieu de tirer, il faut donner de petites secousses sèches du scion, de façon à faire tressauter le leurre : bien souvent l'hameçon prend du jeu, le leurre bascule et se dégage.
En cas d'échec, il faut se placer à la verticale du point d'accrochage et recommencer la manoeuvre (secousses, etc.). C'est là que le pêcheur en barque possède un énorme avantage sur le pêcheur du bord. Ce n'est pas juste mais c'est comme ça : après tout si l'on investit dans une barque, il faut bien en retirer quelques privilèges...
Lorsque toutes les manoeuvres "douces" de décrochage ont échoué, alors seulement on utilise le décrocheur. À ce stade certains préfèrent rompre la ligne, en arguant que l'on va "casser le coup", c'est à dire faire peur aux carnassiers qui pourraient s'y trouver. C'est un choix qui se défend, encore que tout dépende de la valeur du leurre : on sacrifie plus facilement un leurre souple à 10 fr qu'un poisson nageur à 100 fr... Par ailleurs il n'est pas vraiment démontré que le décrocheur effraie le poisson, dans certains cas je suis tenté de penser qu'au contraire il attise leur curiosité. Enfin bref...
Il faut au minimum revenir à la verticale du point d'accrochage, et dans l'idéal il est même préférable de se placer un peu en deçà, c'est à dire à la verticale de la position qu'occupait le leurre un ou deux mètre avant l'accrochage (voir dessin). Cette précaution permet de bien dégager la ligne, car si celle ci frotte contre l'obstacle le décrocheur ne pourra pas descendre jusqu'au leurre.
Quand il n'y a pas de vent tout va bien, mais dans le cas contraire les choses se compliquent car la barque ne reste pas au bon endroit, et risque de dériver avant que le décrocheur ne soit arrivé au fond. Si l'on pêche à deux, l'un contrôle la barque pendant que l'autre s'occupe du décrocheur. Si l'on est seul il faut anticiper sur la dérive, et commencer à mettre le décrocheur en place avant que la barque ne soit arrivée dans le "bon créneau". Dans certains cas désespérés (vent violent et leurre de grande valeur accroché dans 15 m d'eau), il m'est arrivé d'ouvrir le moulinet, de positionner et d'ancrer la barque 30 m en amont afin de pouvoir me placer en donnant du mou sur la corde : la crise de nerf n'est pas loin, mais quand on n'a qu'un seul exemplaire d'un leurre qui marche du tonnerre, on est prêt à tout pour le sauver...
La main gauche tient la ligne (éviter de se servir de la canne pendant la manoeuvre) et la main droite met le décrocheur en place. Avec le mousqueton (décrocheur à traction) c'est très simple. Avec le plomb (décrocheur à percussion) c'est un peu plus délicat. On aura pris soin de chasser le tube de plastique du décrocheur avant de commencer la manoeuvre : glisser la ligne dans la fente du plomb (point d'attache du cordonnet vers le haut...), tenir la ligne et le plomb de la main gauche, glisser de la main droite le tube en plastique fendu sur la ligne puis le glisser en force dans le plomb de telle sorte que les deux fentes soient à l'opposé l'une de l'autre. C'est prêt.
Bien tendre la ligne d'une main et le cordonnet de l'autre, puis lâcher le décrocheur en tenant la poignée du dérouleur de façon à ce que rien n'entrave la descente. Il est primordial que la ligne reste bien tendue jusqu'à ce que le décrocheur arrive au fond, sinon gare aux emmêlages.
On ressent nettement le choc du mousqueton ou du plomb quand il entre en contact avec le leurre, et le bon réflexe consiste à donner aussitôt un peu de mou dans la ligne. Très souvent le choc suffit à décrocher le tout, surtout si l'on n'a pas ferré dans l'obstacle. Si rien ne se passe il faut tenter les manoeuvres suivantes :
Décrocheur à traction : donner des secousses simultanées sur la ligne (sans donner trop de mou) et le cordonnet. Faire monter et redescendre le mousqueton plusieurs fois, insister jusqu'à ce que la chaînette "trouve" l'un des hameçons. Cela arrive plus ou moins vite selon la configuration de l'accrochage, mais il est bien rare qu'on n'y parvienne pas. Au besoin déplacer un peu la barque pour essayer sous un autre angle. Une fois que "ça a pris", tirer progressivement sur le cordonnet, de plus en plus fort mais sans secousses. L'hameçon s'arrache, s'ouvre, casse, ou l'obstacle monte, mais de toute façon "ça vient".
Décrocheur à percussion : faire remonter le plomb de 30 ou 50 cm et le laisser retomber brusquement. Répéter la manoeuvre plusieurs fois, au besoin en faisant varier les angles. Attention, la ligne doit rester tendue en permanence, suffisamment pour éviter les emmêlages, mais pas au point d'empêcher le leurre de "reculer". C'est un coup à prendre.
À noter qu'avec le plomb, le décrochage intervient généralement lors du premier ou des premiers chocs. Il est rarement payant d'insister longuement.
Faites attention quand vous êtres accroché dans un éboulis rocheux, car il y a un risque pour que le décrocheur s'y coince définitivement, vous obligeant à tout casser. C'est pourquoi il est bon d'avoir un ou deux plombs de secours (ainsi que les tubes en plastique).
En théorie ce n'est qu'une formalité, mais il y a quelques risques :
- Le risque de tout lâcher pour se saisir de la canne ou de l'enrouleur. Le duo leurre-décrocheur retombe dans l'obstacle et s'accroche d'autant plus irrémédiablement que la ligne et le cordonnet sont désormais emmêlés : gag ! Dés le décrochage il faut donc tirer l'ensemble un ou deux mètres hors de l'obstacle, et saisir la canne sans donner de mou. Une troisième main serait la bienvenue, mais avec un peu d'habitude on y parvient sans problème.
- Le risque que la ligne et le cordonnet s'enroulent l'un sur l'autre et s'emmêlent sérieusement pendant la remontée. C'est surtout le cas si votre cordonnet est vrillé (d'où l'importance du dérouleur spécial), et avec le plomb qui a tendance à tourner à la remontée (c'est plus rare avec le mousqueton). À vrai dire ce problème d'emmêlage est surtout constaté en pêche très profonde (15 m et plus). Si l'on pêche en eau moins profonde tout se passe généralement pour le mieux.
L'idéal, si l'on est deux, est que l'un récupère le cordonnet à l'enrouleur pendant que l'autre récupère la ligne au moulinet, en essayant de rester synchronisés. Cela permet également de soulager la canne qui peut peiner à remonter le décrocheur. Si l'on est seul il faut remonter le tout au moulinet plutôt qu'à l'enrouleur : ainsi la ligne reste bien tendue, et s'il y a emmêlage inextricable (assez rare tout de même), on sacrifiera plutôt le cordonnet, ce qui est un moindre mal. De plus, en orientant la canne lors de la récupération, on dispose d'un bras de levier qui permet d'écarter un peu ligne et cordonnet.
Voilà, si vous avez eu le courage de lire ces explications un peu laborieuses jusqu'au bout, vous êtes désormais un homme riche :-))
Vous n'avez plus aucune excuse pour ne pas pêcher aux leurres ou pour rester à l'écart des secteurs encombrés...
Deux écoles s'opposent : les partisans du plomb libre et ceux du plomb attaché (avec enrouleur donc). |
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