Médusé, les mains tremblantes, je réalisais que je venais de rater un gros brochet par manque de sang froid. Heureusement il n'avait pas senti l'hameçon et au passage suivant, sur une attaque encore plus méchante (comme s'il était arrivé au comble de l'exaspération) je rendis la main juste le temps qu'il redescende avec mon leurre dans la gueule avant de ferrer. Une magnifique chandelle me permit de constater que ce que j'avais pris pour un gros bec tant la touche était violente n'était en fait qu'un poisson de 60 cm : petite déception, mais quelle émotion tout de même. Ce matin là les brochets en voulaient et en l'espace d'une heure le scénario s'est reproduit une dizaine de fois, sans que je parvienne à m'en lasser. Tous les poissons étaient de taille modeste et je les relâchais l'un après l'autre sans même y penser, cherchant déjà des yeux un autre poste où faire zigzaguer mon stickbait.
A cet instant la pêche n'était plus qu'un jeu, dont le but était de connaître encore une fois la décharge d'adrénaline provoquée par une de ces touches coup-de-fusil tout en essayant de rester calme pour bien synchroniser le ferrage.
