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Le who's who des hard baits
ou
dico des poissons nageurs

Traduction et mode d'emploi
avec Franck Rosmann

crankbait

Jerkbait, sliding, topwaters, walking baits. L'arrivée massive de leurres étrangers sur le marché français nous submerge de termes anglo-saxons souvent intraduisibles.

Franck Rosmann, un maître en la matière, nous aide à mieux comprendre les pêches modernes aux hard baits. Heu. aux leurres durs. Enfin bref. aux poissons nageurs !

Franck RosmannFranck Rosmann

44 ans

Habite à Bordeaux

Fondateur et président de l'association Black Bass France de juin 1994 à décembre 2008

Chef de produits, responsable de la communication chez Sakura

Pisciculteur diplômé à la salmoniculture expérimentale du CSP à Augerolles (63), de 1987 à 2003.

Un des pionniers de la compétition carnassiers et de la pêche aux leurres en France.
 
 

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Pêche aux poissons nageursNDLR : cet article déjà ancien (hors série carnassiers La Pêche et les Poissons 2005) n'a pas pris une ride, mais il passe sous silence certaines catégories apparues entre temps, comme les hard swimbaits ou les jerkbaits de type scandinaves (pull baits, slider, etc.).

La pêche aux poissonx nageurs est aujourd'hui bien plus complexe et intéressante qu'elle ne l'était naguère !

Originellement destinés aux black-bass américains ou japonais, les nombreux modèles n'ont cessé d'évoluer pour devenir très techniques et relativement spécialisés, si bien qu'il est facile de s'y perdre.

Une définition littérale étant souvent hasardeuse, je préfère détailler concrètement et simplement, sans tenir compte des cas particuliers, les différentes familles et la façon de les utiliser.

Je donne également un petit lexique de certains termes anglo saxons que j'utilise dans cet article, et que l'on retrouve de plus en plus souvent dans la littérature halieutique ou les catalogues de fabricants.

Les leurres de surface ou "topwaters"

Stickbait- Les Walking Baits rassemblent les leurres sans bavette, conçus pour évoluer en zigzags, plus ou moins prononcés, et effectuer la fameuse nage "walking the dog".

Le lest caudal et l'angle d'insertion de l'oillet d'attache agissent sur l'amplitude des zigzags et la posture plus ou moins verticale du leurre, à l'arrêt, qui détermine son aptitude à glisser silencieusement (skating, sliding) ou à pénétrer la couche superficielle et provoquer quelques bulles ou éclaboussures (diving).

Les stickbaits et les pencil baits en font partie et désignent souvent les mêmes leurres.
Leur polyvalence permet de les utiliser presque toute l'année pour couvrir de grandes surfaces ou insister sur des postes plus confinés.

Popper- Les Poppers sont souvent tronconiques et possèdent une "bouche" plus ou moins concave chargée de faire éclater la surface de l'eau lors des jerks en émettant un "pop" caractéristique !

Plus la face sera verticale, creuse et spacieuse plus le bruit sera fort (poissons agressifs et/ou aux faibles luminosités).

Les poppers privilégiant les éclaboussures au bruit, seront employés avec succès quand les conditions seront plus difficiles et les poissons plus méfiants.

Adaptés à la prospection précise d'un poste limité en superficie, leur animation est souvent assez lente, essentiellement basée sur le "stop & go".

propbait- Les Prop Baits possèdent une, deux, voire trois hélices métalliques réparties variablement sur le nez et/ou la queue du leurre.

Plutôt recommandés lorsque la surface est agitée par le vent, ils brassent l'eau et produisent un vrai raffut.

Si la surface est plus calme, il vaut mieux choisir un modèle plus discret à une seule hélice. Les Prop baits peuvent être ramenés efficacement en "stop & go" lent ou en "steady retrieve".

propbait- Les Top Wobblers regroupent tous les leurres flottants qui, grâce à leur(s) bavette(s), aux "ailes" implantées sur leurs flancs ou au profil particulier de leur "bouche", se dandinent et frétillent vivement en surface ou juste en dessous en émettant de fortes vibrations et des chapelets de bulles.

Fuyez les eaux agitées et animez ces leurres en "steady retrieve" plutôt lentement pour peigner de relativement vastes zones.

Les jerkbaits

L'objectif des concepteurs est, ici, de copier le comportement d'un poissonnet moribond tout en veillant à garder une apparence réaliste : corps fuselé, flancs irisés et respect d'une certaine translucidité.
Flottants, supending ou coulants, les jerkbaits frétillent et roulent sur eux mêmes en récupération régulière ou effectuent des écarts brusques, très déhanchés et saccadés dès que l'on alterne pauses, twitches ou jerks.


jerkbait minnow- Les minnows ont une courte bavette oblique fixée sous la tête et travaillent à moins de 2 m de fond.

longbill minnow - Les longbill minnows possèdent une longue bavette qui les fait plonger.

Ils permettent des animations identiques à celle d'un minnow mais entre 2 m et 3 m, exceptionnellement jusqu'à 6 m de profondeur.

lipless minnow- Les lipless minnows sont un peu à part puisqu'ils n'ont pas de bavette et sont coulants.

Parfois nommés "swimming minnows" ou "sinking stickbaits", ils entament une subtile nage sinusoïdale en "steady retrieve" mais peuvent tout à fait retrouver le comportement traditionnel d'un jerkbait voire d'un stickbait lorsqu'on les secoue un peu !

Les crankbaits

Véritables instruments d'un complet système stratégique de prospection rapide, où quasiment seul le moulinet intervient pendant l'animation, les crankbaits se déclinent en 2 groupes :


crankbait- Les crankbaits à bavette sont trapus, ils frétillent et roulent dès que l'on entame la récupération grâce à une bavette, plus ou moins longue et/ou inclinée, qui définira la gamme de profondeur de travail du leurre (shallow, medium ou deep) allant de 0,5 m à 9 m.

Majoritairement flottants, il existe quelques rares suspenders.
Les fats crankbaits, ont un corps ventru de section ronde. Ils procurent une nage aux vibrations puissantes (visibilité subaquatique faible, poissons actifs).

Les flats crankbaits ou shads, en revanche, ont une silhouette "dégraissée" de section aplatie latéralement. Leur nage est serrée et discrète (bonne visibilité, poissons peu actifs).

lipless crankbait- Les lipless crankbaits : démuni de bavette, leur corps pisciforme, ramassé et comprimé sur les flancs, possède un méplat sur le sommet du "crâne" et un point d'attache dorsal qui leur permet de vibrer fortement et de faire résonner les "rattles" dont ils sont très souvent garnis.

Ces leurres s'utilisent en dandine ou en "steady retrieve" de pleine eau, mais aussi en buzzing.
Ils sont coulants, mais de rares modèles flottants ou suspenders sont référencés chez certains fabricants.

Peu employés en France alors qu'ils sont de redoutables débusqueurs de poissons, ils sont parfois appelés "vibrations" ou "lipless" pour les distinguer de leurs homologues à bavette simplement appelés crankbaits.

astuce  Lexique des anglicismes

Buzzing : travailler un leurre rapidement en surface pour le faire vrombir et éclabousser (buzzbait, grub, lipless crankbait, .). Efficace quand l'eau est chaude.

Deep diver : crankbait très plongeant conçu pour descendre à plus de 3 m.

Diving : Plongeant à la récupération mais qui remonte en surface à l'arrêt. Ne pas confondre avec "sinking" (coulant à l'arrêt). Action de faire plonger un leurre flottant avec un vif et court jerk.

Hard baits : Leurres durs, poissons-nageurs en général.

Medium diver : crankbait moyennement plongeant conçu pour descendre entre 1,20 m et 3 m.

Rattles : billes bruiteuse destinées à renforcer l'attractivité d'un leurre lors de l'animation. Peuvent être incluses dans le leurre (corps, palette) ou additionnelles (capsules, ampoules).

Rolling : Oscillation, roulis du corps d'un poisson nageur sur lui même autour de son axe longitudinal.

Shallow diver : crankbait peu plongeant, conçu pour descendre à moins de 1,20 m.

Sliding : glissant. Ce genre de topwater "patine" en ridant à peine la surface de l'eau. Action de faire glisser un leurre avec un jerk long et lent.

Slow floating : qui regagne doucement la surface à l'arrêt.

Slow sinking : qui coule lentement à l'arrêt.

Splashing : lorsqu'un popper éclabousse plus qu'il ne poppe, on dit qu'il splashe !

Squirming : frétillement typique des leurres souples aux appendices "en faucille". Ce tortillement est approché par certains jerkbaits récents, en effectuant un mouvement de la canne plus long et plus ample qu'en jerking.

Steady retrieve : récupération ininterrompue et à vitesse modérée

Suspender : leurre dont la densité est quasiment la même que celle de l'eau. A l'arrêt il reste en suspension à la profondeur où nous l'avons amené. Selon la température de l'eau un "suspender" peut devenir "slow floating" ou slow sinking" !

Weedless : équipé d'un accessoire anti-herbe. Assimilé à anti-accroc du terme générique "snagless".

Wobbling : Frétillement latéral plus ou moins ample d'un poisson nageur autour son axe vertical.  

Les différentes animations

Décryptons à présent les principales manières d'animer ces hard baits afin de tirer le meilleur parti de leurs qualités de nage, en fonction des postes prospectés et des conditions rencontrées.
Faites des tests et observez le comportement de votre leurre avec chaque type d'animation, vous n'en serez que plus efficace en conditions réelles.

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Franck Rosmann avec un joli bassLe Bottom bumping ou bottom tapping

Cela consiste à faire taper le leurre sur le fond, pour en soulever le limon et créer un nuage très attractif comme le fait une écrevisse en fuite ou un poisson benthique (goujon, loche,…).

Casser le rythme régulier d'une nage linéaire par ce genre de rebonds et propager d'irrégulières vibrations quand le leurre tape un fond dur sont d'une efficacité redoutable.

Le crankbait est, sans doute, le meilleur choix pour obtenir un tel résultat sans risquer de trop accrocher. L'astuce consiste à choisir un crank dont l'aptitude de plongée est supérieure à la profondeur de la zone prospectée et d'employer une "steady retrieve" assez lente, canne basse, dès le contact avec le fond.


Le Cover bumping

Dans la nature, il est fréquent d'observer des poissons se frotter aux branches noyées ou aux arêtes d'un rocher pour se débarrasser de parasites ou effectuer certaines parades nuptiales.
Les vibrations et les flashes répétés envoyés par ces mouvements et ces chocs ne manquent pas d'éveiller l'attention des carnassiers postés dans les parages.

Le cover bumping est l'art de reproduire ce phénomène sur des obstacles "durs" tels que branches, tiges de nénuphars, piliers de ponts ou de pontons, chaînes d'ancrage, etc.

Les cranks à bavette angulaire sont moins accrocheurs et pivotent un peu mieux que ceux à bavette arrondie, pour ce petit jeu de "saute-mouton".

Evitez, bien sûr, les végétaux aquatiques trop mous et trop denses ou les branches feuillues qui agrippent facilement les hameçons et emprisonnent les bavettes. Limitez aussi les à-coups du scion au milieu de l'obstacle, la récupération au moulinet est nettement préférable.


Le Jerking

Ce terme englobe tous les mouvements assez brusques de la canne que l'on peut effectuer pour animer un leurre.
Une animation en jerking, enchaîne plusieurs jerks entre lesquels il faut récupérer le mou créé dans la bannière.

Le jerking, désaxe et désordonne la nage d'un leurre pour lui faire imiter celle d'une proie agonisante et désorientée.
Franck Rosmann à pêche le bass à Temple sur le Lot Les "short jerk" et autre "long slide" appliquées aux walking baits ne sont en fait que des manières de jerker.

La première, brusque et de très faible amplitude, fait plonger le leurre quasiment sur place, elle sert à agresser un carnassier posté ou suiveur. La seconde, plus longue et plus coulée, le fait glisser à gauche et à droite, sans entamer un véritable "walking the dog". Elle est discrète et s'adresse aux poissons difficiles ou par eau très calme.



Le Kick backing

Tout à fait originale, cette animation ne se réussit bien qu'avec un longbill minnow, généralement suspending doté d'un système de transfert de masse.

Lorsqu'il se trouve à la profondeur désirée, faire une courte pause, le leurre pique alors du nez puis, canne à l'horizontale et fil presque tendu, relevez le scion d'un coup sec de quelques centimètres.
avec un joli bass pris au spinnerbaitLa bavette en offrant une certaine résistance, va imprimer au leurre un mouvement arrière accentué par le recul brutal de la bille mobile. Cette figure de style assez subtile, doit être employée lorsque, par exemple, vous sentez des tapes sans attaques franches.


La pause

Incroyablement attirante, cette "non-animation" déclenche souvent l'attaque des plus gros poissons, notamment des black-bass qui ne supportent pas de voir un O.F.N.I. (Objet Flottant Non Identifié) occuper leur territoire.

Recommandée pour vérifier l'occupation d'un poste de taille réduite, vous pourrez ainsi "pauser" n'importe quel hard bait flottant.
Patientez au moins jusqu'à la disparition des ondes d'impact et jusqu'à 30 secondes si vos nerfs tiennent le coup !


Steady retrieve

La récupération continue au moulinet est la clef de voûte de la pêche au crankbait. Sans en faire plus, ils s'activent et se révèlent très performants car seule cette animation leur permettra de gagner la profondeur pour laquelle ils ont été étudiés.

Animation de prospection typique, la vitesse de votre "steady retrieve" s'adaptera bien entendu à l'humeur des poissons, en la ralentissant pour décider des poissons peu actifs engourdis par une eau froide par exemple, et au type de leurre utilisé.

Autre paramètre important, la profondeur de nage du leurre : en maintenant la canne haute, vous ferez nager votre leurre plus près de la surface ; en pointant le scion vers la surface ou en l'immergeant carrément sous l'eau vous l'amènerez plus en profondeur.

Variez aussi la trajectoire en inclinant la canne à gauche et à droite durant l'animation.


Le Stop & go

Lorsque vous entrecoupez une "steady retrieve" de pauses plus ou moins longues vous obtenez un "stop & go".

Visant à faire craquer des carnassiers habitués à une récupération régulière, le "stop & go" est adaptable à quasiment tous les hard baits.
Pêche au leurre de surface Très linéaire avec les "topwaters", il donne une trajectoire en "dents de scie", très prenante, avec des leurres plongeants ou coulants.
Les arrêts entraînent vers la surface un leurre flottant que l'on avait fait plonger, et un leurre coulant vers le fond.

Stopper un "suspender" entre deux jerks est fortement conseillé si l'on souhaite tirer profit de sa densité particulière pour titiller des carnassiers postés entre deux eaux.

Le "stop & go" est un tempo, on peut donc lui appliquer toutes les variantes concernant les gestes effectués avec la canne et l'angle de celle-ci ainsi que les récupérations au moulinet que vous adapterez aux conditions du moment.


Le Twitching

Coup de scion nerveux, effectué canne basse, comme si l'on souhaitait frapper la surface de l'eau tout en récupérant la bannière avec le moulinet.

De faible amplitude, le "twitching" est répété tout au long de l'animation de manière à obtenir des soubresauts frénétiques avec un joli bass pris au spinnerbaitdu leurre, comme un jerkbait par exemple.
Avec un stickbait ou un pencil bait, c'est comme cela que l'on obtient la fameuse nage "walking the dog".

Les leurres qui offrent une forte résistance à la traction (crankbaits, top wobblers) sont à bannir du twitching qui leur procurerait des comportements plutôt effrayants !

Assez vive et dynamique, cette méthode est surtout utilisée en eau claire pour faire réagir des prédateurs actifs qui n'hésiteront pas à se déplacer de loin pour intercepter une proie peu discrète.


Le "Walking the dog"

Étroitement liée à la création des walking baits (notamment du Zara Spook) dans les années 30, la nage du "walking the dog" est aussi amusante à effectuer qu'efficace.

Canne basse, ligne un peu détendue, il faut réussir à coordonner les twitches et la récupération simultanée du fil pour enchaîner de magnifiques zigzags.

Franck Rosmann avec un joli bass pris au jig Non sans rappeler le déplacement d'un serpent à la surface de l'eau, le "walking the dog" irrite au plus haut point la plupart des carnassiers d'eau douce ou salée qui ne tardent pas à attaquer ce leurre indécis.

Pour faire varier l'ampleur des zigzags et trouver l'animation la plus prenante, il suffit de ralentir ou d'accélérer la cadence.

Convenant parfaitement à la prospection de vastes étendues, cette nage est maintenant applicable à de nombreux topwaters plus spécialisés dans la recherche "chirurgicale".

Vous pourrez donc l'utiliser avec des poppers, par exemple, et entrecouper une animation linéaire de petits zigzags du plus bel effet !

Pour conclure, j'espère avoir réussi à vous éclaircir un peu plus les idées et vous avoir convaincus de l'utilité pratique de posséder plusieurs exemplaires des nombreuses familles de poissons nageurs qui obéissent toutes, comme les pièces d'un jeu d'échec, à des règles de déplacement et des modalités d'actions assez précises.

Chacune d'entre elles a son utilité pour gagner la partie. Amusez-vous bien !

astuce  Maîtrisez votre ferrage

Avec les hard baits, le ferrage ne doit pas se faire aussi vivement et amplement qu'au leurre souple, jig et autre mort manié.

Il doit au contraire être modérée, et consiste en balayage latéral, impérativement couplé d'une énergique récupération au moulinet qui fera le gros du travail.

La majorité des hard baits sont armés de triples très piquants, il n'est donc pas nécessaire de "surferrer" à la canne.

Avec des topwaters, ne ferrez pas sur l'attaque mais laissez, un bref instant, le poisson se retourner et peser sur la ligne avant de prendre contact.


 
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