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Test bateau
Le Carolina Skiff série J

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Carolina Skiff : vitesse

Stables, insubmersibles, spacieuses, robustes et sans entretien, ces coques américaines en fibre de verre ont tout pour séduire les amateurs de bateaux "utilitaires". Il est possible de les faire aménager sur mesure pour des pêches spécifiques, et de se rapprocher des fonctionnalités d'un vrai "bass boat" ou "walleye boat", tout en restant dans une gamme de prix abordable.

J'ai testé l'un des plus petits modèles, le J14, en version aménagée sur mesure. La coque plate à double-fond est remplie de mousse haute densité et hydrofuge, qui la rend insubmersible même coupée en morceaux.

80 % de surface utile

Carolina Skiff : coque nueL'espace intérieur est impressionnant pour un bateau de 4,10 m : le fond plat et la forme rectangulaire permettent de conserver quasiment toute la surface utile, beaucoup plus que sur une coque en V ou un pneumatique : c'est quasiment une barge.

En version pontée, il reste largement assez de place pour pêcher à trois, puisque la surface totale utile du J14 est d'environ 5 m carré (sans tenir compte des surfaces de rangement sous les ponts), soit 80% de la surface hors tout, ce qui doit constituer un record

Pour donner une idée plus précise, les surfaces se répartissent ainsi pour le J14 en barre franche (sans console centrale) :


Carolina Skiff : pont avant- Un pont avant d'environ 125 x130 cm (125 étant une moyenne, en fait il fait 140 de large côté intérieur et 110 à l'extrémité).

Carolina Skiff : pont arrière- Un pont arrière court (ou banquette) de 140 x 60 cm.

Carolina Skiff : silure- Un espace central de 140 x 200 cm, soit la surface d'un lit à deux place, entièrement disponible pour la pêche. C'est ce qui explique que les pêcheurs de silure apprécient ce bateau : ils peuvent y monter tranquillement un gros silure, et le réceptionner dans de bonnes condition.

Il est à noter que la seule chose qui change entre les modèles J12, J14 et J16 (12, 14 et 16 pieds), c'est la longueur. Toutes les autres dimensions sont identiques.

Qualités nautiques

Sur le J14, seul et avec un 25vc, on déjauge rapidement et la coque plane sur l'eau, pour atteindre une vitesse de pointe de l'ordre de 45 km/h. J'ai frôlé les 50 km/h seul et sans charge (vitesse mesurée au GPS).
Avec pas mal de poids sur l'avant (pont, batterie, moteur à commande au pied, vivier + pompes, matériel de sécurité) et un passager de 60 kg assis sur le pont avant, le bateau déjauge rapidement et file à environ 40 km/h.

Carolina Skiff : Didier SagotMais avec en plus de la charge classique un passager d'environ 90 kg à l'avant, plus son matériel de pêche ou un peu d'eau dans le vivier, le 25 cv ne permet plus de déjauger. Il faut alors que le passager en question se déplace vers l'arrière pour mieux répartir le poids, et le bateau accepte de déjauger.

Autrement dit, avec la configuration de base J14 + 25 cv en barre franche, le bateau est assez sensible à la répartition des charges. Trop de poids à l'avant et il a du mal à déjauger, pas assez et il hoche du nez à pleine vitesse. Une fois les réglage de charge basiques effectués, ces problèmes disparaissent et le comportement est très sain. L'ajout de foils (ailerons) sur le moteur est un plus incontestable, comme sur la plupart des bateaux.

Bien entendu, si vous optez pour un moteur avec trim électrique et une console centrale, vous aurez l'avantage d'une meilleure répartition du poids et de pouvoir régler l'inclinaison de l'arbre pile poil en fonction de la charge et de la vitesse.

Pour en finir avec le chapître des performances pures, je résume :
- Si vous pêchez le plus souvent seul, ou avec une personne de poids moyen (50-70 kg), un 25 cv en barre franche ou avec console est parfait. Je connais un pêcheur qui arrive même à faire faire du ski nautique à son gamin avec cette configuration.

- si vous avez l'habitude de naviguer à deux pêcheurs de forte carrure et surréquipés (genre caisse à pêche de 20 kg chacun), ou encore avec 3 ou 4 passagers en promenade, vous aurez sans doute intérêt à opter pour un 30 cv, ce qui impose l'option console et commandes à distance.


Voici un petit tableau (données fournies par le fabricant), qui donne la puissance minimum nécessaire pour déjauger, en étant à 1/4 et à 1/2 de la chage maxi autorisée :

1/4 1/2
J12 5 cv 15 cv
J14 9,9 CV 15 CV
J16 15 CV 25 CV

Le bateau vire presque à plat, avec tout de même une légère inclinaison, mais qui ne suffit pas à comprenser réellement la force centrifuge propre à toutes les embarcations à coque plate ou en aile de mouette. Un système de rainurage de la coque l'empêche de chasser en cas de virage trop brusque, mais on évitera tout de même de faire trop le mariole et de prendre des virages en épingle à toute vitesse.

Le comportement dans le clapot est étonnamment bon pour une coque plate, et il tape peu sur la vague, beaucoup moins que d'autre coques du même style. Ce bon comportement est sans doute dû à l'angle d'attaque progressif, l'étrave étant très biseautée. Toutefois il n'y a pas de miracles, une coque plate ne sera jamais une coque en V, et selon la direction du vent et la trajectoire des vagues, le Carolina éclabousse. Par grand vent et temps froid, il faut prévoir un bon imper pour les déplacements rapides.

Sécurité

Carolina Skiff : pêche à deuxLa stabilité des barques de la série J est exceptionnelle, à deux pêcheurs chacun peut vivre sa vie sans déséquilibrer l'autre, même dans le plus petit modèle (J12).
Du reste les Carolina Skiff sont souvent vendues comme bateaux de sécurité aux services de secours (pompiers, gendarmerie), ce qui est un signe de grande fiabilité en condition difficiles.

Le tirant d'eau très faible ce qui permet de passer partout, y compris en rivière sur des courants caillouteux (j'ai eu l'occasion de faire une descente de la Dordogne sur un J14, et ça passe très bien dans les radiers).
Tous les bateaux de la série J sont rigoureusement insubmersibles, même après impact avec un corps mort, même complètement déchirés.

C'est du moins ce qui ressort de l'argumentaire du fabricant. Ceci est dû à la qualité du matériaux (mousse haute densité à structure en nid d'abeille) pris en sandwich entre le pont et la coque.
L'avantage de ce procédé, c'est la solidité (cette mousse est "vraiment" très dense, on s'en aperçoit quand il faut découper...), et la grande flottabilité qui dispense d'avoir des caissons dans les bancs, ou autres artifices gourmands en volume utile.

Les points forts

Carolina Skiff : ratelier- La surface libre. J'ai horreur des bateaux encombrés dans lesquels on se sent "prisonnier", n'osant plus bouger de peur de marcher sur quelque chose.
Le Carolina est une véritable piste de danse dans sa version barre franche. Toutefois, si l'on consacre une partie du volume sous le pont avant à caser un vrai vivier, il faut prévoir d'ajouter un autre coffre quelque part au milieu ou à l'arrière, l'idéal étant à mon avis un coffre banquette.

- Déjaugeage très rapide (sauf en cas de surcharge bien sûr), et très bon comportement à grande vitesse, pour un fond plat.

- Facilité de mise à l'eau hors du commun : son faible tirant d'eau et la bonne glisse sur les patins de la remorque font que l'on peut décharger le Carolina quasiment n'importe ou, même dans les mises à l'eau à très faible pente, et la plupart du temps sans même se mouiller les pieds : si les roues de la remorque sont dans l'eau ça décharge ! Je n'ai jamais eu à "casser" la remorque (qui est pourtant prévue pour).

Cerise sur le gateau : l'avant très biseauté et le faible tirant d'eau font que le nez du bateau surplombe généralement la rive : on peut donc monter et descendre sans marcher dans l'eau, ce qui évite de prendre les bottes.

Facilité de chargement du bateau sur la remorque : un jeu d'enfant, il se charge les yeux fermés, grâce aux deux becquets saillant de part et d'autre de la coques, et qui servent de rails pour guider le glissement sur les patins. Une fois le nez engagé, le bateau n'a aucune possibilité de riper latéralement, il ne peut que se positionner sur la remorque au cm près.

Très bonne stabilité en action de pêche pour un bateau relativement léger.

Embarcation modulable, très robuste et facile à aménager.

Très bon rapport qualité-prix.

La remorque est surdimensionnée. L'ensemble remorque + bateau est très roulant, on peut faire des centaines de kilomètres sans la moindre appréhension. Les dépassements et freinage se font sans problème même avec une petite routière.

Les points faibles

- L'intérieur blanc réfléchit la lumière et fait mal aux yeux. Lunettes noire et crème solaire sont de rigueur, ou alors il faut moquetter.

- Effet spray en navigation rapide avec vaguelettes et vent de face.

- Seulement 36 cm de franc-bord.

Conclusion : un bilan très positif

Le Carolina, notamment le J16 (4,80 m) est très apprécié des pêcheurs de silure qui recherchent un bateau spacieux, facile d'entretien, rapide, et stable, capable d'affronter les grosses vagues des pousseurs sans mettre ses occupants en péril.

Dans leur version aménagée "pêche sportive", avec sièges pivotants et moteur à commande au pied, les J12 et J14 séduiront les pêcheurs de carnassiers polyvalents, en barrage et grandes rivières, qui souhaitent s'attaquer aussi bien au sandre en pleine eau qu'au brochet et au bass dans les roselières.

La seule réserve que l'on peut émettre concerne une utilisation régulière en grand lac venté, ou des vagues de 50 cm sont monnaie courante (style Biscarosse), et ou l'avant plat du carolina sera un handicap, enn tapant la vague et en éclaboussant. À noter que le Carolina existe désormais en version à coque en semi-V

Fiche technique :

Carolina Skiff J14 coque nue

Longueur : 4,20 m.
Largeur : 1,60 m.
Hauteur intérieure : 36 cm
Poids : 127 kilos.
Puissance maxi : 25 Cv en barre franche, 30 cv avec commandes avancées.
Capacité : 310 kg, 4 personnes.



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