Pêche professionnelle : |
Et oui, mais non. Rien à voir avec la pêche au lançon classique qui consiste à passer 4 heures pour attraper péniblement 30 lançons à marée basse, puis à s'en servir d'appâts. Ça, tout le monde peut le faire. Non, la technique dont je parle est pratiquée par des pêcheurs professionnels à la canne pour attraper du bar (là-bas on dit "une loubine") ou du lieu sur épave.
Des pros qui préfèrent pêcher à la ligne plutôt qu'au filet, c'est déjà une curiosité, non ? Parce que contrairement à nous pêcheurs amateurs, ces types ne sont pas là pour s'amuser. Ils ont des charges, des traites à payer, une famille à nourrir, et ce n'est pas en ramenant 10 kg de poisson par jour qu'il vont y arriver.
Une méthode réservée exclusivement aux professionnels (vous allez vite comprendre pourquoi), et qui leur permet, les bons jours, de prendre 50, 100, ou exceptionnellement 300 ou 400 kg de bars maillés, à la ligne...
Je n'ai, à mon grand dam, jamais eu l'occasion de participer à une pêche aussi fructueuse, et lors des quelques sorties que j'ai pu faire avec des pros, nous nous sommes "contentés" de quelques dizaines de kilos. Pour que cette méthode donne à fond il faut trouver un secteur où les bars sont concentrés, le reste n'étant plus qu'une formalité.
Avec le lieu les résultats sont plus réguliers. On le pêche sur les épaves au large, par 50 m de fond. Il y en a toujours, mais en quantité et tailles variables. Il est rare d'en faire moins que 60-70 kg, un bon résultat c'est 100 ou 200 kg, et si on tombe sur un banc de gros sujets (entre 5 et 10 kg voire plus) le compte est vite réglé.
Les lançons sont attrapés devant le port de l'île, sur un plateau sableux où les lançons se plaisent, avec une petite drague qui est traînée sur le fond pendant 15-20 minutes. En théorie la pêche du lançon au filet est interdite, mais les pros de l'île d'yeu on une dérogation. C'est pourquoi cette technique n'est pas pratiquable par un amateur.
Le principe de la méthode consiste non seulement à escher l'hameçon avec un lançon, mais surtout à amorcer régulièrement avec des quantités assez importantes de lançons vivants, un peu comme un pêcheur au coup qui "rappelle" régulièrement avec une pincée d'asticots. Pour une journée de pêche il faut compter entre 40 et 80 kg de lançons...
Les lançons sont stockés dans un gros vivier placé au milieu du pont et qui descend à travers la cale. Une pompe renouvelle l'eau en permanence. Un fois rendu sur les lieux de pêche et le bateau amarré (en général en amont d'une tête de roche), le pêcheur commence l'amorçage. Il verse à la mer quelques épuisettes pleines de lançon pour démarrer, mais par la suite l'amorçage se fait automatiquement à partir du vivier.
Celui-ci comporte en effet dans un angle un genre d'entonnoir grillagé. La partie large se trouve au dessus de la surface de l'eau et la partie étroite traverse le fond du vivier et la coque du bateau pour donner directement dans l'océan. Il suffit de remplir régulièrement cet entonnoir de lançons : ils finissent par trouver le passage et s'échappent l'un après l'autre, provoquant un amorçage régulier et ininterrompu de la zone.
Il est temps de passer aux choses sérieuses...
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© 2000 - Michel Tarragnat