| Technique de pêche | |||
Brochet aux jerkbaits
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Alain Cavard
Bien connu dans le monde des voyages de pêche, il s'est spécialisé dans l'organisation de séjours en Suède, une destination qui a toujours fasciné l'amoureux de gros brochets qu'il est.
C'est ce qui lui a valu d'être précurseur chez nous en matière de pêche aux gros jerkbaits, une technique qu'il avait découverte lors de ses voyages en Scandinavie.
Il fut notamment à l'origine de l'importation en France par Marryat du fameux Buster Jerk.
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NB: Il est question dans cet article des gros jerkbaits dépourvus de bavette, style scandinave, qui doivent être animés.
Précision nécessaire car on appelle également jerkbait, par extension, des leurres plus petits et munis de bavettes, qui se laissent animer, comme le B Freeze, le X-Rap et tant d'autres, qui en réalité ne sont pas vraiment des jerkbaits mais des "minnows".
Le jerkbait peut s'utiliser dans un grand nombre de circonstances et types de poste, mais pas partout dans la mesure où il ne pêche pas très profond, la plupart des modèles ne descendant pas à plus de 2m.
Même si les gros jerkbaits ont un rayon d'action plus important que d'autres leurres et peuvent faire monter un brochet de 5m en eau claire, ils ne sont pas adaptés aux pêches profondes.
Mais chaque fois que l'on trouve du brochet posté dans 50 cm à 5-6 m d'eau les jerkbaits sont exploitables, ce qui couvre beaucoup de situations.
Quand le poisson est collé au fond et refuse de monter, ou qu'il se trouve en limite du champ d'action vertical des jerkbaits, Alain Cavard utilise une astuce pour forcer son leurre à pêcher plus creux : il ajoute une petite plombée de 5 à 10 g sur l'oillet qui supporte l'hameçon ventral.
On peut ainsi gagner un ou deux mètres en profondeur sans trop contrarier la nage du leurre, mais il faut faire des essais préalables car tous les modèles ne s'accommodent pas de la même façon de cette surcharge.
Quoi qu'il en soit, le jerkbait est surtout adapté à la prospection des zones de profondeur moyenne sans postes marqués (grandes baies uniformes, hauts-fonds de plaine eau) et de préférence à proximité de secteurs plus profonds (cassure, pointe d'île), puisque c'est souvent sur ces zones de transition que se postent les beaux sujets.
Il est fait pour ratisser large et n'est pas adapté aux pêches de précisions à courte distance, même s'il arrive qu'il soit attaqué au premier tour de manivelle.
Il n'est pas non plus à son aise en milieu très encombré (sauf au-dessus des herbiers), bref c'est un leurre pour les grands espaces.
Ses conseils pour toucher un gros brochet
Mieux vaut pêcher ancré chaque fois que c'est possible : c'est plus discret, ça permet d'insister plus longtemps sur un poste et l'animation est meilleure qu'en dérive.
La prise d'un gros brochet passe avant tout par le choix du poste. Comme certaines roselières donnant sur les profonds, le milieu des grandes baies, les pointes d'îles, les hauts-fonds et plateaux de pleine eau.
D'une manière générale les structures décalées du bord avec des profonds et un garde manger à proximité. Les gros brochets sont souvent pélagiques et s'alimentent en pleine eau loin du bord, mais viennent se poser sur ces hauts-fonds pour digérer.
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On ne peut pas dire qu'il existe une saison privilégiée pour la pêche aux jerkbaits, dans la mesure où l'on peut adapter l'animation et la taille des leurres pour répondre aux variations de comportement du brochet.
Ces changements peuvent être saisonniers ou intervenir au cours d'une même journée, ce qui implique une certaine adaptabilité du pêcheur.
En début de saison les gros modèles bruyants marchent bien parce que c'est avant tout l'agressivité qui déclenche la touche.
Quand les eaux se réchauffent il faut souvent passer à des modèles de taille moyenne voire à de petits jerkbaits en fin d'été, pour revenir à de gros leurres en fin de saison quand l'eau se refroidit.
Mais il ne s'agit pas d'une règle absolue, les choses étant toujours plus complexes au bord de l'eau que dans la théorie.
En fait le jerkbait est à la fois un leurre de provocation et de prospection, capable de jouer sur deux registres.
Il faut donc faire la distinction entre l'attaque de réaction et l'attaque pour alimentation.
La première est un pur réflexe d'agressivité qui répond à une intrusion dans l'espace vital du brochet, et est relativement indépendante de son activité alimentaire.
Cette méthode fonctionne mieux avec un modèle qui « claque » : gros leurre à billes comme le Buster Jerk, animation saccadée, couleurs contrastées qui tranchent sur l'environnement.
Elle permet de déclencher des touches explosives de poissons actifs, mais aussi de faire réagir à force d'insistance des poissons qui ne s'alimentent pas et veulent juste faire dégager l'intrus.
C'est d'ailleurs pourquoi Alain préconise de pêcher ancré, de façon à pouvoir faire plusieurs passages. Un temps venteux est en général favorable à cette méthode car il rend le brochet hargneux.
Elle est bien adaptée aux prospections rapides, y compris au-dessus de fonds importants.
Par temps calme et grand soleil, un leurre trop agressif fait souvent office d'épouvantail, il faut en général jouer sur un registre plus « soft ».
L'attaque pour alimentation, quant à elle, obéit à des règles plus classiques. On utilise un modèle dont la taille, la couleur et la sonorité sont assez naturelles et proches de celle des proies habituelles du brochet.
L'animation est plus nuancée, moins « rentre-dedans ». Les modèles silencieux, ceux qui font des écarts de moindre amplitude ou ont une nage louvoyante en récupération linéaire sont alors plus rentables (X-Buster, Salmo Slider, etc.)
Tout l'art de la pêche aux jerkbaits consiste en fait à trouver ce qui va marcher parmi l'éventail des possibilités offertes, et à ne pas s'enfermer dans un schéma stéréotypé.
Spinning ou casting ?
Il est généralement admis qu'un ensemble baitcasting est mieux adapté à cette pêche, pour une question de solidité du moulinet et de longueur de canne (une canne courte est indispensable).
Une tendance qu'Alain Cavard remet en question « il est parfaitement possible de pêcher au gros jerkbait en spinning, il suffit de trouver une canne adaptée (puissance 30-80 g) et un moulinet solide.
Le spinning présente même quelques avantages pour cette technique : lancers plus longs contre le vent, pas de perte de leurre par claquage sur une perruque et surtout possibilité d'animer canne haute par saccades rapides pour passer dans très peu d'eau.
Cette animation spéciale est beaucoup plus difficile à réussir en casting.
L'animation d'un jerkbait est une succession de coups de scions, qui lui donnent vie. Mais le tempo varie avec le degré d'activité du brochet.
En eau très froide l'animation doit souvent être lente, quasi linéaire, en jouant plus sur la vitesse que sur les coups de scion.
Mais on a vu des brochets actifs réagir à des animations violentes en eau glaciale, même si c'est plus l'exception que la règle.
En demi-saison de grosses tirées irrégulières entrecoupées de pauses peuvent être très efficace les jours de vent ou en eau profonde, mais c'est une pêche assez éprouvante.
Le reste du temps, un « walking the dog » classique est la méthode la plus employée, mais en essayant plusieurs tempos, plus ou moins rapides.
Il faut en général éviter un rythme trop régulier en introduisant des pauses et des accélérations.
Son matériel pour le brochet au shad
Canne spinning Smith KGS 68M (2 m)
Moulinet Quantum Cabo 40
Tresse 40 à 50 livres
Bas de ligne en titanium multibrin BFT Strike Pro 60 livres
Ses leurres et couleurs préférés
Buster Jerk, Salmo Slider, X-Buster, Baby Buster et Buster II, certains leurres customs en bois comme le Westin Jerk.
La taille va de 10 à 15 cm, rarement plus car selon Alain les très gros leurres n'occasionnent pas plus de touches, mais beaucoup plus de ratés.
Il aime les couleurs naturelles, notamment le coloris perche, mais aussi gardon, doré ou argenté par temps couvert.
Certaines couleurs plus vives jaune-orangée sont également de grands classiques (comme le fameux « perroquet »), de même que le blanc.
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