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    Technique de pêche
 

Brochet en eau profonde
Au leurre souple
avec Sylvain Legendre

vignette lipless crankbait

Très efficace quand le brochet n'est pas sur les bordures, cette technique révèle des aspects mal connus de son comportement. Sylvain Legendre s'en est fait une spécialité.

Sylvain LegendreSylvain Legendre

35 ans, vit en Haute-Savoie

Chef produits chez Pure fishing

L'un des compétiteurs carnassiers les plus primés en France
Team Pure Fishing - Humminbird

Blog : www.eu.purefishing.com/blogs/fr/sylvain-legendre



les pêcheurs internautes se souviennent certainement du "brocodile", cet énorme brochet de 1,37 m que Sylvain avait pris au leurre souple sur le lac d'Annecy en mai 2009.
Ce poisson a été pris très précisément avec la technique décrite dans ce reportage, technique qui n'a d'ailleurs rien de spectaculaire en soit et se rapproche du mort manié, mais qui demande une maîtrise impeccable et recèle de nombreuses subtilités.

Pêche du brochet sur le lac d'AnnecyLe lac d'Annecy, comme la plupart des lacs alpins et nombre de retenues artificielles s'y prête particulièrement bien : une eau très claire, des herbiers en profondeur, des bordures souvent vides de poissons la journée...

Toutes les conditions sont réunies pour que les brochets se tiennent dans des profondeurs qui rendent leur pêche aux techniques classiques peu rentables.

Sur le lac du Bourget, qui présente de nombreuses similitudes avec celui d'Annecy, le crankbait ou le lipless lourd (animé sur le fond) donnent de bons résultats.

« J'ai bien sûr essayé ces techniques régulièrement ici », explique t-il, « avec des résultats très moyens. Aux leurres souples ça donne beaucoup mieux. Je n'ai pas d'explication, je constate c'est tout... »

astuce  Meilleures périodes pour le brochet sur le lac d'Annecy

C'est en mai-juin que Sylvain fait ses plus belles pêches et, contre toute attente dans ces eaux cristallines, par temps calme et très ensoleillé.

À partir de juillet ça devient plus dur, probablement à cause de l'abondance de poisson fourrage, et depuis deux ans la saison d'automne a été décevante, avec une taille moyenne plus petite.

"La subtilité consiste à évoluer près du fond mais sans poser"

Cliquer sur les photos pour les agrandir
Un joli brochet du lac d'Annecy Sa technique consiste à longer, en s'aidant du sondeur, la cassure qui se trouve au large des plateaux de bordure ou de pleine eau, parfois à plus de 100 m de la rive.

Cette cassure voit la profondeur passer brusquement de 4-5 m à 20m et plus.
Fait remarquable, les plateaux peu profonds sont pauvres en herbiers, mais dés que l'on attaque le tombant le fond en est tapissé, au point que la pêche s'en trouve compliquée.

En fait, il ne s'agit pas vraiment d'herbiers mais plutôt d'algues, des charas, qui se développent en eau claire et calcaire. Le moindre contact des hameçons avec ces algues en ramasse quelques brins, plutôt coriaces, qui rendent le leurre inopérant.

L'une des subtilités consiste donc à le faire évoluer à proximité du fond mais sans le poser, ce qui suppose de bien visualiser mentalement ses déplacements. Pas si simple, mais avec un peu d'entraînement on finit par moins accrocher.

Sylvain a d'ailleurs une technique pour se débarrasser de ces algues en les déchirant, quand il en attrape. Il donne des coups très secs en revers, comme un jerk très court et violent (un simple ferrage ne suffit pas, il faut que ce soit vraiment très sec).

Il utilise un ensemble casting pour cette pêche, ce qui lui permet de mieux suivre le fond, puisqu'il suffit de débrayer du pouce pour rendre du fil.

Ces cannes sont courtes, 1,80 ou 2 m maximum. « Une canne de deux mètres est plus fonctionnelle » explique t-il, « mais une canne de 1m80 est plus agréable à utiliser, donc j'alterne les deux selon que je cherche l'efficacité ou le plaisir purs.

Le casting ne ramène pas trop vite et donne plus de puissance pour mater un gros poisson. De plus le noud de raccord de mon long bas de ligne (3-4 m) poserait des problèmes de lancer avec un moulinet spinning. »

Hollow Bellyastuce  Fluorocarbone en pointe

Sylvain raccorde à sa tresse un long bas de ligne de 3 à 4 m de fluorocarbone 27 ou 30/100, ceci pour la discrétion.

Puis il termine par une courte pointe (environ 20-25 cm) en fluorocarbone 60 ou 70/100, raccordée au précédent par un noud Albright.

Sans être 100% fiable cette pointe résiste bien aux dents du brochet.
Elle est raccordée directement à la tête plombée (jamais d'agrafe) par un simple noud en huit bien serré, le brin libre étant brûlé au briquet pour éviter tout risque de glisse.

L'hameçon triple voleur est relié de la même façon à l'oillet de la tête plombée par un brin de fluoro 60/100. Ce système permet de changer facilement de leurre souple en conservant le même montage.

 

L'action de pêche en elle-même est assez simple

un brochet de 85 cm
L'action de pêche en elle-même est assez simple. Bateau positionné sur des fonds de 15-20 m, Sylvain lance son leurre au loin, en direction de la rive, pour qu'il se pose sur le plateau en haut du tombant.

Une fois ce contact établi, canne à 45° vers le haut, une série de tirées et relâchés rapproche le leurre du bateau tout en lui faisant épouser la pente, juste au-dessus du fond, en évitant le contact comme je l'expliquais plus haut.

Son animation comporte une subtilité essentielle, un savant dosage de contrôle et de laisser-faire :

« j'accompagne beaucoup à la descente car c'est là qu'intervient la touche » explique t-il, « il ne s'agit surtout pas de laisser le leurre couler à pic sur les relâchés, sinon on passe à côté des touches fines.

Mais j'essaie en même temps de ne pas pêcher trop tendu, il faut que la bannière fasse un léger ventre pour qu'ils puissent mieux engamer. »

Cet aspect du comportement des brochets peut surprendre celui qui n'est pas habitué à le pêcher en eau très claire. Les attaques peuvent être franches, mais bien souvent, pour peu que l'agressivité ne soit pas au rendez-vous, c'est l'inverse.

Au cours de ce reportage nous avons eu beaucoup de suivis, de touches inferrables, parfois une infime baisse de tension quand un brochet pousse le leurre du nez ou vient tourner autour.

Une photo avant de repartirSylvain accorde beaucoup d'importance à ce genre de détails.
Pour lui, l'usage du fluorocarbone au lieu de l'acier et un triple voleur placé assez loin en arrière sont indispensables car en eau claire les touches « courtes » sont fréquentes.

Lors du reportage la pêche était difficile, les touches plutôt rares et les ratés fréquents.
Dans ces cas là, Sylvain passe au Gulp Alive, un Paddle Tail Shad couleur naturelle (blanc/marron), qu'il change fréquemment, remettant l'ancien dans le bocal pour qu'il se recharge.

Je dois dire que la différence de rendement a été plus que nette, puisque la quasi-totalité de la trentaine de poissons mis au bateau sur deux jours a été prise avec ce leurre. Les autres modèles étaient moins attaqués et surtout beaucoup plus mal, générant des ratés en série.

Au final, malgré des conditions défavorables et bien que déplorant l'absence de gros sujet, Sylvain réussit à force d'insistance à mettre au bateau quelques poissons corrects, la belle lumière et le cadre exceptionnel me donnant l'occasion de réussir de jolies photos.

J'ajoute que la pêche au leurre souple n'est évidemment pas réservée aux brochets postés en profondeur, elle donne de très bons résultats dans 2-3 m d'eau, avec une animation plus rapide et ample, avec des tirées vives. Mais nous aurons l'occasion d'en reparler...

astuce  Son matériel pour le brochet au shad

Paddle Tail Shad et Hollow Belly Shad • Canne casting medium heavy 6 pieds ou 6 pieds 6

• Moulinet Abu Revo

• Tresse 17/100 Stealth ou Stren fluo

• Fluorocarbone : Trilène 100% Fluoro

Tête plombée sabot de 14 à 21 g selon la taille du leurre

• Hameçon triple « voleur » : Owner ST31 n° 6 ou ST36 rouge n° 6 ou 4

• Ses deux shads de prédilection : Paddle Tail Shad (Gulp Alive) et Hollow Belly Beyrkley Powerbait), en 12 ou 15 cm.
Couleurs naturelles quand il fait beau, ou au contraire très contrastées. Le blanc et le fire tiger sont des valeurs sûres.


 
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