Bas de ligne à brochet Titane et fluorocarbone, les nouvelles tendances

Les matériaux entrant dans la fabrication de bas de lignes à brochet continuent d'évoluer, de même que leurs utilisations et montages. Le titanium et le fluorocarbone ont le vent en poupe, avec des qualités différentes.
Le point sur les dernières tendances et la façon d'utiliser ces matériaux.

Titane : Le nouvel outsider

L'utilisation du titane pour faire des bas de ligne à brochet n'est pas récente, mais jusque là elle se limitait à la confection d'avançons monobrin de fort diamètre et très raides pour la pêche aux gros jerkbaits.

La raideur est un atout pour cette pêche, en limitant les bouclages lors des animations. Mais pour les autres types de pêche, ces avançons n'avaient rien de séduisant : manque criant de souplesse et de discrétion.

Les choses ont changé avec les bas de ligne en fil de titane recuit monobrin de fin diamètre, et surtout les tresses torsadées de 7 brins, aussi souples et fines voire plus que des crinelles d'acier à résistance égale.

Quel sont les avantages du titane ? Le principal est son absence quasi totale de mémoire, qui le rend indéformable.

Un bas de ligne acier se déforme rapidement en action de pêche et lors des combats. Une fois tordu ou tire-bouchonné, impossible de le redresser.

Même si sa résistance n’en est pas forcément altérée, la présentation et la discrétion s’en ressentent.
À l'heure où les pêcheurs de brochet sont devenus très pointilleux sur la discrétion, au point de prendre le risque de la coupe avec du fluorocarbone, il est psychologiquement difficile de pêcher avec un bas de ligne acier tortillé.

Les tresses composites, que l'on peut redresser facilement en cas de déformation, ne sont guère satisfaisantes en termes de discrétion, en raison de leur diamètre important à résistance égale et de leur tendance à s'effilocher.

Le titane offre une nouvelle alternative :

- Sa discrétion (rapport diamètre/solidité/visibilité) est comparable à celle de l’acier 7 brins non gainé (le plus fin et discret de tous les aciers), d’autant que son coloris noir satiné ne brille pas en plein soleil.

- Il est presque deux fois plus léger et deux fois plus souple que l’acier.

- Il offre la souplesse du fluorocarbone ou même du nylon dans les fins diamètres, cette caractéristique ayant tendance à s’estomper quand on monte en diamètre.
-  Il ne se déforme pas ou très difficilement.

- Résistance totale à la corrosion, donc utilisable indéfiniment en eau salée.

Ce tableau idyllique ne doit pas occulter quelques inconvénients non négligeables, à commencer par son prix, trois à dix fois plus élevé que celui des autres matériaux.

Il est plus cassant que l’acier car plus dur, et les accidents sont possibles suite à un traumatisme du matériaux ou un mauvais montage (serrage excessif du sleeve notamment).

Quant à sa discrétion, elle est bonne mais il n’est pas transparent comme le fluorocarbone.

  Titane monobrin ou 1x7 brins ?

Le monobrin est le plus performant en terme de discrétion (rapport diamètre/résistance) mais il est un peu moins souple dans les fins diamètre, et beaucoup moins dans les gros.

C'est un bon choix pour les pêches très fines à cause de sa légèreté, et pour les pêches lourdes (big bait) pour lesquelles la souplesse n'est pas un atout et où il se révèle plus économique.


Le 1x7 brins est plus passe-partout, c'est sans doute ce qui correspond le mieux à un substitut « tout terrain » à la crinelle d'acier pour les pêches standard (légères à mi-lourdes) du brochet, que ce soit au leurre souple, à la cuiller ou aux poissons nageurs.

Mais on le trouve aussi dans de fins diamètres ou à l'inverse dans de gros calibre, donc au final c'est affaire de goût et de disponibilité, le monobrin étant souvent plus difficile à trouver.
 

En dépit de ces inconvénients quand on y a goûté il devient difficile de s'en passer, du moins pour les pêches où les accrochages sont rares.
Son prix élevé est compensé par une incroyable longévité et une présentation toujours parfaite. À chaque lancer, même après des dizaines de captures, c'est comme si l'on avait un bas de ligne neuf.

C'est sans doute la principale raison de son succès auprès des pêcheurs exigeants.
En fait, à condition de ne pas le perdre rapidement sur un accrochage, on peut considérer que c'est un produit économique à l'usage car il pêchera encore et encore quand d'autres matériaux auront du être remplacés plusieurs fois.

Un autre atout réside dans sa souplesse et sa grande légèreté dans les fins diamètres, qui en font un must pour les pêches fines dans les eaux à brochet : il ne bride pas les petits leurres légers comme de l'acier (surtout tire-bouchonné) ou du gros fluorocarbone.

On trouve dans le commerce des produits manufacturés sous formes d'avançons frappés d'un émerillon rolling et d'une agrafe à chaque extrémité.

Certains sont équipés d'une protection de la boucle sous forme de gaine (Illex) ou d'un petit ressort (Spro). Cette protection est destinée à éviter que la boucle ne fasse un angle trop fermé sous une forte traction, ce qui pourrait la fragiliser.

C'est surtout utile pour les fins diamètres avec lesquels on emploie des agrafes et émerillon de très faible section.

On trouve aussi, plus difficilement, du titanium en rouleau aussi bien monobrin que torsadé.

Gageons que d'ici peu, on devrait en trouver chez la plupart des grandes marques.

L'intérêt de fabriquer ses propres avançons n'est pas seulement économique même si c'est la raison principale.

Cela permet de confectionner des bas de ligne plus longs, ceux du commerce étant souvent un poil court (30 cm), ou au contraire très courts (hameçon voleur par exemple).

Se reporter au chapitre sur les sleeves pour plus de détails.

  Quelques produits disponibles en France


Avançons montés
Fox Rage Surefit Titanium Leader (mono et 7 brins)
Cannelle Titanium C805 et C802 (monobrin)
Ioda Titanium 1x7 (Astucit)
Illex Titanium Leader 1x7
Spro Titanium Wire Leaders 1x7
BFT Jerkbait Leader 1x7

En rouleau
Cannelle Titanium C806 monobrin (2,5 m)
Spro Titanium Wire monobrin (3m)
SPRO Titanium Wire 1x7 (3m)
Bas de ligne Savagear Titanium
 

Flurocarbone, les dernières tendances

Il est en passe de supplanter le nylon pour la réalisation de bas de ligne, toutes espèces confondues, principalement pour des raisons de discrétion. Qu'en est-il pour le brochet ?

Que l'on se rassure je ne vais pas relancer le vieux débat acier contre fluorocarbone.

Du reste il n'y a plus vraiment matière à débattre, tout le monde ou presque admet aujourd'hui qu'en dessous de 70/100 le fluoro n'offre pas de garantie sérieuse contre la coupe, mais qu'avec un 80, 90 voire 100/100 les coupes sont suffisamment rares pour que ce soit acceptable.

Entre parenthèses, il semble que selon les eaux, le risque de coupe soit plus ou moins grand, peut-être pour des raisons de composition chimique (PH) ou d'alimentation, à moins qu'il n'existe des souches de brochets aux dents plus tranchantes (ce n'est pas une blague, juste une hypothèse).

En Suède un 70/100 se fait trancher comme du beurre, alors que dans d'autres eaux (France, Irlande, espagne) c'est beaucoup plus rare.

Bref, la tendance pour le brochet est au gros fluoro, ce qui impose des contraintes au niveau des raccords, mais aussi limite son utilisation aux leurres assez conséquents ou suffisamment lestés pour garder le bas de ligne en tension.

En ce qui concerne les raccords deux options possibles : le noud en huit ou le sleeve sur agrafe, tête plombée ou émerillon rolling.

En cas de noud ne pas oublier de brûler légèrement le brin libre pour former une boule et éviter le glissement, toujours possible avec les gros diamètres difficiles à serrer complètement.
Pour le sertissage des sleeves, se reporter au chapitre correspondant.

Le fluoro étant avant tout destiné à soigner la discrétion en eau très claire grâce à sa transparence, de nombreux spécialistes intercalent systématiquement une « pointe de discrétion » de quelques mètres en fluoro plus fin (30-35/100) entre le bas de ligne de gros diamètre et la tresse.

En effet à quoi bon avoir un bas de ligne invisible de 40 cm s’il est relié à une grosse tresse sans aucune discrétion ?

Cette pointe a en outre l’avantage d’absorber les chocs (très utile au big bait en cas de blocage du leurre en vol) et les vibrations de la tresse.

C’est un excellent procédé dans mon expérience, mais qui pose la question des nœuds de raccord entre le bas de ligne, la pointe de discrétion et la tresse.

Il en existe plusieurs, je vous en livre deux qui ont largement apporté la preuve de leur fiabilité :

- le nœud universel sur blocage en huit (tresse/fluoro ou fluoro/fluoro) : dessin ci-contre

- le nœud Saud (tresse/fluoro).

Sleeves, mode d'emploi

L'utilisation de sleeves dans les bas de ligne se démocratise. C'est un raccord très fiable s'il est bien utilisé, et incontournable pour certains matériaux. Mais encore faut-il savoir les choisir et les serrer, avec des outils adaptés.

Il existe des sleeves simples et doubles.

Les doubles sont destinés aux bas de ligne de gros diamètre, puisque la plus petite taille est de 0,8 mm, ce qui convient pour du fil de 50 à 70/100.

Les simples sont utilisables avec des diamètres de fil allant du 20 au 100/100. On pourrait donc penser qu'un sleeve simple convient dans tous les cas pour l'eau douce.

Il n'en est rien, car le double sleeve a des atouts : chaque fil est isolé dans son propre tube sans chevauchement, et la force de serrage est optimale puisque chaque brin est enserré sur toute sa périphérie.

Il est donc préférable pour les montages puissants, et pour les fils de gros diamètre ou susceptibles de glisser car très peu compressibles : acier non gainé, corde à piano, titane.

Le sleeve simple est plus discret, bien adapté aux petits diamètres et aux matériaux compressibles : acier gainé de nylon, nylon et fluorocarbone de petit ou moyen diamètre (jusqu'au 60/100), titane de moins de 50/100.

Choix de la taille

Pour un sleeve double, les fabricants indiquent le diamètre intérieur d'un tube.

Donc un diamètre de 1mm convient pour un fil de 70 à 90/100. Un fil de 100/100 ne rentre pas, un diamètre inférieur à 70/100 risque d'être mal serré.

Pour un sleeve simple, le diamètre indiqué est le diamètre intérieur du tube, dans lequel le fil va passer deux fois.

Pour connaître le diamètre maximum du fil utilisable, diviser celui du sleeve par deux et retrancher 5 ou même 10/100 par sécurité.

Un sleeve donné pour 1,2 mm peut donc recevoir un fil de 50-55/100 maxi.



  Acheter des sleeves

Serrage des sleeves

Le serrage est la partie délicate : si on serre trop on risque d'écraser et fragiliser le fil, pas assez et il risque de glisser sur une forte traction.

C'est pourquoi il est conseillé d'utiliser une pince à sleeve spéciale.

Pour les sleeves simples j'ai un faible pour les pinces crantées (Pezon et Michel, Iron Claw) qui impriment plusieurs empreintes au serrage, autant de points de pression qui évitent le glissement.

Ne pas hésiter à serrer des deux côtés.



Pour les doubles sleeves, il faut une pince puissante et adaptée.

Le serrage se fait en deux étapes utilisant chacune une empreinte distincte de la pince.




  Acheter une pince à sleeves

La première étape consiste à serrer modérément le sleeve à la jonction des deux tubes avec l'empreinte mâle-femelle (1).

Cette opération est à faire des deux côtés et resserre le canal central, isolant chaque brin dans son tube.

La deuxième étape consiste à serrer les deux tubes l'un contre l'autre avec l'empreinte ronde (2), la pression étant appliquée sur la largeur du sleeve.

Les premières fois, réaliser des tests de résistance à la rupture et au glissement, pour se familiariser avec le bon serrage.

Pour les matériaux glissants (titane) une goutte de colle cyanolit offre une garantie supplémentaire.

On peut parfaire le montage en gommant les aspérités avec de la gaine thermo-rétractable chauffée sur les sleeves : idéal pour la pêche dans les herbiers, et finition plus propre.

Bien entendu, étant donné qu'il faut chauffer, cette option n'est pas applicable avec du fluorocarbone ou du gros monofilament.

Prix et performances des bas de ligne

Coût approximatif d’un bas de ligne de 40 cm selon les matériaux.
(Ces chiffres tiennent comptent de l'émerillon, de l'agrafe et des sleeves).

Rapport approximatif entre résistance et diamètre
Ces rapports sont donnés à titre indicatif car établis à partir des résistances données par les fabricants, pas toujours très fiables.

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