| Technique de pêche | |||
Brochet au leurre souple en lac
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Mathieu Alexandre
Age : 34 ans
Habite à Lyon
Compétiteur bien connu et co-concepteur des leurres Biwaa, avec son frère Vincent
Sponsors : Biwaa, Minn Kota, Humminbird.
Sites web : www.biwaa.com
Si vous allez pêcher le brochet sur n'importe quel grand lac alpin de nos jours, vous serez surpris de constater que la majorité des pêcheurs sportifs y emploient un shad à palette. C'est devenu un leurre incontournable, presque un phénomène de mode.
L'idée d'ajouter une palette à un leurre souple est séduisante, mais s'il ne s'agissait que de cela, nous ne serions pas en présence d'une nouvelle technique, tout au plus d'un nouveau montage.
Or, en mettant au point le Divinatör, l'objectif des frères Alexandre était bel et bien de concevoir un outil permettant de pratiquer une autre pêche, qui n'a plus grand chose à voir avec le leurre souple classique.
Il importe de connaître et comprendre la façon de l'utiliser, qui est tout sauf conventionnelle. C'est dans cette optique que j'ai accompagné Mathieu sur le Léman, pour une démonstration in situ.
« Le Divinatör », explique t-il, « a été conçu pour jouer au maximum sur un comportement réflexe du brochet, qui consiste à intercepter un leurre filant rapidement vers le fond.
Un peu comme le brochet qui se jette sans réfléchir sur un lipless ramené à toute allure, sauf que dans notre cas la trajectoire est verticale et descendante.
Le Divinatör a été mis au point par tâtonnement, en partant d'un leurre souple classique puis en alourdissant la plombée pour augmenter sa vitesse de descente, et enfin en ajoutant une palette.
Nous nous étions en effet aperçus que le spinnerbait était efficace pour déclencher les touches mais ne permettait pas de pêcher assez profond. Je dois dire que cet ajout a fait une grosse différence. »
Bien sûr, le Divinatör peut prendre du poisson sur une animation lente ou même en « cranking » (récupération continue), mais ce n'est pas dans cette optique qu'il a été pensé.
Son poids (55 g pour le modèle original) est très supérieur à celui généralement employé pour une pêche au leurre souple standard (10 à 25 g selon la profondeur), où l'on cherche plutôt à obtenir une nage planante.
Du reste lors de notre partie de pêche Mathieu a alterné Divinatör et shad classique, et pour ce dernier il se limitait à un plomb sabot de 21 g, bien que prospectant les mêmes profondeurs. Il y a donc bien deux actions de pêches très différentes.
Il est probable que beaucoup de pêcheurs qui ont acheté ce leurre ne l'utilisent pas correctement, c'est à dire l'utilisent comme ils le feraient avec un simple leurre souple.
Ce faisant ils parviennent certes à prendre du poisson, comme avec n'importe quel autre leurre.
Mais ils passent à côté de l'essentiel, qui n'est pas dans le leurre, mais dans la technique, qu'il convient donc d'expliquer en détail.
Montage spécial discrétion
Pour Mathieu, les eaux limpides des lacs alpins justifient l'emploi d'un montage terminal assez long en fluorocarbone qui éloigne la tresse du leurre, pour ne pas inhiber l'agressivité du brochet.
Cela consiste en une longue pointe de 6 mètres en fluoro 35/100 (Suffix), terminée par un bas de ligne de 40 cm en fluoro 90 ou 100/100.
Le raccord entre les deux fluoro se fait sur la base d'un noud en huit servant de butée (voir dessin).
L'agrafe, d'une résistance de 18 kg, est sleevée sur le gros fluoro (sleeve double, diamètre 1 mm).
Cliquer sur les photos pour les agrandir
La mise en ouvre du Divinatör est très particulière, et même spectaculaire. Le bateau étant maintenu à 25-30 m au large du poste (généralement une cassure comme expliqué plus loin), le leurre est lancé à l'endroit où l'on suppose la présence de brochets.
C'est important car les chances sont meilleures quand le leurre passe juste à côté du premier coup (effet de surprise).
Il coule rapidement, et cette vitesse est également importante, au point que Mathieu aide le fil à sortir du moulinet en en tirant des brassées de la main gauche, pour gagner quelques décimètre / seconde.
La difficulté consiste à avoir une descente rapide tout en gardant le contrôle de la ligne, au moins visuel, pour détecter les touches à la descente.
Le plus souvent il s'agit d'un léger déplacement du fil, ou simplement d'un arrêt prématuré. Dans tous les cas le ferrage doit être immédiat et énergique.
Si le leurre atteint le fond sans être attaqué, l'animation commence.
Elle consiste, scion pointé vers le bas, à faire une grande et vive tirée de toute l'amplitude de la canne et des bras, ce qui justifie l'utilisation d'une canne assez longue (2,30 - 2,40 m).
Le leurre doit réellement bondir vers le haut de plusieurs mètres, et cette tirée s'apparente à un ferrage.
Pour l'anecdote, quand Mathieu a vu les photos montrant la courbure de sa canne lors de cette tirée (une extra heavy tout de même...), il n'en revenait pas lui même.
Dés la tirée achevée, la canne est ramenée vers le bas pour permettre au leurre de retomber rapidement sans être freiné. Ce relâcher ne fait que reproduire, mais en décalant le leurre de plusieurs mètres, sa chute initiale du premier lancer.
Il importe de laisser le leurre se poser au fond à chaque fois, car certains jours les brochets ne prennent que sur cette courte pause.
Une action de pêche aussi intense, outre un côté physique indéniable, peut laisser le non-initié dubitatif. Et pourtant ça marche...
J'ai pu le constater lors de cette sortie, même si les brochets n'étaient pas des plus coopératifs et tapaient souvent court. J'ai même pris mon premier poisson au Divinatör, sur un deuxième relâché, dans 15m d'eau.
La méthode a permis aux frères Alexandre et à quelques équipes du circuit AFCPL de faire un hold-up sur le concours du Bourget, avec notamment de gros poissons.
Car contrairement à ce qu'on pourrait croire, elle n'intéresse pas seulement les jeunes poissons prêts à sauter sur tout ce qui bouge vite.
Ce réflexe d'interception joue aussi bien sur les gros, et l'on ne compte plus les « métrés » que la méthode Alexandre a permis de toucher.
Avantage au casting
L'utilisation d'un ensemble baitcasting est préférable pour plusieurs raisons.
Un moulinet casting permet de donner du fil à la demande d'une simple pression du pouce et de tout bloquer en une fraction de seconde pour ferrer une touche à la descente.
Il maintient une légère tension du fil lors de la chute du leurre, ce qui permet de bien visualiser les touches.
Enfin, compte tenu de la longueur de la pointe en fluoro 35/100 (six mètres), le noud de raccord tresse/fluoro doit entrer sur la bobine du moulinet.
Avec un ensemble spinning, ce noud poserait de sérieux problèmes de lancer (blocage des spires).
Une question se pose : à quel moment faut-il privilégier la méthode « réactive » (Divinatör) par rapport à la méthode classique (animation plus planante avec un shad ordinaire) ?
D'après Mathieu c'est lié au positionnement des brochets, qui découle de leur humeur et degré d'activité. Il commence par scanner le secteur à l'échosondeur pour repérer les bancs de fourrage et les échos plus gros de carnassiers.
Les lacs alpins sont tous faits sur le même modèle : une bordure ou plateau en pente douce qui casse brutalement sur les grandes profondeurs.
C'est en général sur cette cassure que tout se passe. On y trouve souvent de gros bancs de perches (ou autres fourrage) et les brochets se tiennent dessous.
Pour Mathieu, si la boule de vif est située en haut de la cassure, et si les échos de brochets sont bien décollés le long de la pente (signe d'activité), les résultats seront très bons au Divinatör, les brochets étant en effet postés de façon à intercepter tout ce passe.
Si la boule de vifs est décalée vers le large et que les brochets sont dessous (en pleine eau donc), l'option « réaction » reste valable, car elle se révèle efficace sur les poissons suspendus.
Mais si les brochets sont collés à la cassure et à peine détectables, signe d'activité réduite, alors le leurre souple traditionnel, plus lent et insistant, donne en principe de meilleurs résultats.
Une autre approche, en cas de doute sur la meilleure méthode, consiste à faire un ou deux passages en réaction, car avec cette technique très souvent la touche intervient au premier lancer.
Et en cas d'échec, on insiste un peu plus avec un leurre classique.
Mais d'une manière générale, quand la réaction fonctionne, il n'y a pas intérêt à insister, et les meilleurs scores sont obtenus en longeant la cassure sans interruption de façon à ne pas lancer deux fois au même endroit.
Ce n'est ni plus ni moins que du power fishing, mais appliqué à des poissons postés entre 7 et 15 mètres de profondeur !
D'après Mathieu, il est possible de pratiquer la méthode en eau moins profonde, sans pour autant baisser le grammage du leurre, ce qui aurait pour conséquence de diminuer la vitesse de chute.
Son matériel pour pêcher au Divinator 
- Canne casting flipping Kistler LTA 7 pieds 11 (2.30 m), puissance XH (15 -60 g)
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Moulinet casting à ratio élevé style Revo STX HS ou Shimano Calais customisé (manivelle spéciale plus grande pour ramener plus vite).
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Tresse Power Pro 19 à 23/100
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Pointe : 6 m de fluoro Suffix 35/100
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Bas de ligne en fluoro Varivas 90 ou 100/100
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Agrafe de 18kg et sleeve double de 1mm
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