Open de Pennes d'Agenais 2008
Samir et Nasser rois du bass

Cet Open leurres était très attendu puisqu'il réunissait les meilleures équipes des deux grands circuits (AFCPL et Challenge) sur l'un des parcours à carnassiers les plus réputés de France.
Les 19 et 20 juillet derniers Samir et Nasser ont confirmé leur suprématie désormais incontestable sur le monde du bass français tandis que des "challengeurs" sont venus accrocher les spécialistes AFCPL du leurre sur leur terrain.

Samir Kerdjou et Nasser Khanfour (team Rapala - Lowrance), considérés comme les deux grands spécialistes du bass en France étaient attendus au tournant, sur une rivière qu'ils ne connaissaient pas et qu'ils n'avaient pas eu l'occasion de "préfisher", face à de très bons bassmen habitant la région et connaissant le parcours.

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C'était donc l'occasion où jamais pour ces derniers de démontrer qu'en dehors de leur fief du Sud-Est les deux gardois n'étaient pas intouchables.

Occasion manquée puisqu'en remportant une victoire relativement facile alors qu'ils étaient théoriquement en position de faiblesse, Samir et Nasser confirment définitivement leur suprématie sur la pêche du bass en France, et pas seulement "à domicile".

Bien que n'ayant remporté aucune des deux manches ils sont les seuls à avoir réussi le quota de 4 bass à chacune d'elles, et à chaque fois en moins de 3 heures.

Et ce alors même que la pêche était considérée par l'ensemble des participants comme particulièrement difficile, et que des pêcheurs réputés ne sont pas parvenus à faire un bass maillé sur ces deux manches de 8 heures chacune...


C'est parfois à se demander si Samir et Nasser pêchent le bass sur la même planète que leurs concurrents. Je reviendrais dans la seconde partie de ce compte-rendu sur leurs stratégies et techniques lors de ce concours, et sur les raisons apparentes de cette suprématie.

Manche 1 : Tissot et Maucci jouent les "challengeurs"

Mais reprenons dans l'ordre le fil du récit de ces deux journées. Les informations circulant sur "radio-compète" avant le concours faisaient état de bass difficiles à prendre en raison des eaux teintées et des températures jouant le yo yo, et au vu des résultats des entraînements certains pronostiquaient même une victoire "au sandre".

Deux stratégies étaient donc possibles, d'autant que le parcours de 15 km présentait des profils différents : eau plus claire mais moins chaude en amont de Pennes, parcours réputé moins riche en bass mais plus riche en brochet et sandres, et eau plus teintée et chaude en aval, parcours a priori plus riche en bass.

Au coup d'envoi les équipes se répartissent donc en fonction de leurs stratégies. La plupart des bassmen misent sur le milieu et bas de parcours, mais certaines grosses équipes optent pour l'amont.
C'est le cas notamment de Legendre & Even, Ampaud & Charrais, Jullian & Irailles, De Araujo & Macheboeuf, Besnard & Chastel, Tissot & Maucci, etc.
Bien que n'étant pas identifiés comme des spécialistes du bass ni même de la pêche aux leurres, ces deux derniers faisaient partie des favoris possibles en raison de leur bonne connaissance du parcours et de leur polyvalence.

Ce fût malgré tout une surprise de les retrouver en tête de cette première manche le samedi soir, avec une belle pêche diversifiée : une perche de près de 40 cm, deux brochets (70 et 57 cm) et deux bass dont un de 47 cm. Ils remportent donc les classements perche et brochet de cette première manche. Ils ont pêché des postes qu'ils connaissaient bien, essentiellement au shad sur tête plombée en linéaire, et au worm sur montage texan.

Cette victoire d'étape est une sorte d'évènement, puisque si j'ai bonne mémoire c'est la première fois qu'une équipe de "manieurs" du Challenge s'impose sur une manche de l'AFCPL.

Il est vrai que Tissot et Maucci (Team Daiwa - La Boutique du Menuisier) font partie des meilleurs, et qu'ils laissent rarement passer leur chance quand l'occasion se présente.

Une performance qui est à rapprocher de celle de l'équipe Marragou & Chardenoux, autres "challengeurs" réputés, qui avec 3 bass le samedi matin alors que certains spécialistes ramaient pour décapoter, ont confirmé eux aussi qu'il faudra désormais compter avec les meilleures équipes du Challenge sur les concours AFCPL, d'autant que leur marge de progression dans l'art de la pêche aux leurres est importante et qu'ils apprennent vite...

Toujours sur le même secteur, la paire Jullian / Irailles (Illex - Pezon et Michel - Rod & Pod - Humminbird) se distingue, puisque Olivier capture d'entrée de jeu le plus gros brochet de la manche (80,5 cm). Ça devient presque une habitude...

Mais c'est l'équipe Ampaud - Charrais (Rod & Pod - Pecheur.com) qui, après Tissot et Maucci , sort le mieux son épingle du jeu sur le parcours amont : avec un quota de bass pris au crankbait (dont un de 47 cm en direct devant la caméra) et un sandre de 56 cm, le tout sur un secteur restreint qu'ils vont marteler inlassablement, ils s'emparent du classement sandre et surtout de la seconde place de cette première manche.

Pendant ce temps, sur le secteur aval, les spécialistes du bass transpirent à grosses gouttes : les poissons sont bien là mais mordent mal (beaucoup de ratés et décrochés) où ne sont pas maillés.


Samir et Nasser s'en sortent facilement, puisque aux alentours de 13 h je les trouve en train de pêcher les piles du pont, ce qui signifie qu'ils ont déjà atteint le quota de quatre bass.
D'après Samir ce fût "une simple formalité", ils ont pêché assez classique et finesse, au texan léger et en weightless (leurre souple non plombé skippé sous les frondaisons).
Ils remportent le classement bass de cette manche avec une moyenne de 39,4 cm.

Ils ont également ajouté une perche de 34 cm au compteur, mais cela ne sufit pas à contrer le sandre pris par Ampaud et Charrais. Samir et Nasser se contentent donc de la troisième place de cette première manche.

Les autres équipes qui ont réalisé le quota de bass sont : Segura/David, Misse/Bigot, Pouches/Hygonnet, Hayashi/Steff et Racamond/Marseille.

Nombre de spécialistes reconnus du bass doivent se contenter de 1 ou 2 poissons, quand ils ne sont pas carrément capots, ce qui témoigne de la difficulté de la pêche.

Cette première manche disputée sous un soleil brûlant se conclue donc par la capture de 60 bass (7 quotas), 3 perches, 7 brochets et 5 sandres. Les sandres annoncés ne sont clairement pas de sortie Il n'est dés lors pas besoin d'être un grand stratège pour deviner que ça risque de se jouer au bass et, à moins que Tissot et Maucci ne parviennent à renouveler leur performance, que le vainqueur du concours devra presque obligatoirement avoir réalisé un quota de bass dans chaque manche.
La stratégie pour le dimanche s'annonce donc assez simple : pour ceux qui ont fait un quota de bass le samedi il faudra en réaliser un second et peut-être y ajouter un voire deux poissons d'une autre espèce. Pour Tissot et Maucci, s'ils veulent conserver la tête, il faudra prendre au moins deux voire trois poissons, de préférence bass, brochet ou sandre.
Cela semble à leur portée, mais le fait qu'ils aient gagner le samedi avec 3 espèces différentes n'est pas forcément bon signe : ça peut vouloir dire qu'ils n'ont pas vraiment trouvé de "pattern" et se sont contenté d'exploiter au mieux les postes qu'ils connaissaient. Pourront-ils tenir la distance de cette façon, toute la question est là.

Manche 2 : le choix du secteur est décisif

Par ailleurs, les deux premières places de cette manche se sont remportées sur le secteur amont. Un fait qui a certainement influencé la stratégie de plusieurs équipes le second jour, et qui a peut-être coûté un podium à Ampaud et Charrais.
En effet, ce bon résultat du secteur amont est trompeur, il masque le fait que sur sept quotas de bass réalisés lors de cette manche, six l'ont été sur le parcours aval et un seul sur l'amont (par Ampaud et Charrais justement). Partant de là, et dans l'hypothèse assez probable où la seconde manche se jouerait sur le bass puisque le sandre avait brillé par son absence le samedi, il était plus logique d'attaquer la seconde manche par le secteur aval.

Mais il est bien sûr difficile de renoncer à une stratégie qui vous a permis de faire second le premier jour, et en choisissant de repêcher la même zone en amont, Ampaud et Charrais vont laisser échapper le podium. Ils finiront capots la seconde manche, comme la plupart des équipes ayant opté pour le secteur amont. C'est le cas notamment de Tissot et Maucci qui réalisent leur erreur mais qui descendront trop tard, quand la pêche commencera à devenir vraiment difficile.

Les équipes qui ont misé sur le bass et notamment sur le secteur aval vont au contraire remonter au classement, même si les bass se révèlent encore plus difficiles que la veille. Le temps a en effet changé, gris et venteux, presque frisquet. Les bass ont changé de comportement, et c'est là que Samir et Nasser vont faire la différence.
Ils attaquent la pêche de la même façon que la veille, c'est à dire plutôt "finesse" : texan léger, weightless et micro jig. Un premier secteur pêché ainsi ne leur rapporte rien, mis à part une touche avortée.
Sur le second secteur, Samir change de technique et essaie un leurre de réaction, un chatterbait de couleur foncée, qu'il s'efforce de skipper le plus loin possible sous les branches.
Rapidement il enregistre une touche et doit brider le poisson qui s'est engagé dans les branches. Tout se passe bien et c'est l'explosion de joie : il vient de trouver la pêche !
Les bass ne se nourrissent pas mais restent prenables si on les provoque, à condition de lancer tout contre la berge, dans les obstacles, notamment le bois mort. La touche intervient dans les 50 premiers centimètres, d'où l'importance de réussir des lancers ultra précis.

À partir de là ce n'est plus pour eux qu'une formalité et en moins d'une heure le quota est atteint.

Signe que c'est bien la technique qui fait la différence, Samir et Nasser entrent dans une anse de quelques centaine de mètres carrés, qui vient d'être pêchée en vain et en weightless par Garza et Weill quelque minutes auparavant. Ils en ressortent peu après avec deux nouveaux bass...

Prendre deux bass juste derrière Garza et Weill (Lucky Craft - Navicom - Daiwa), seconds du classement national bass 2007 et seule autre équipe à avoir réussi le quota le dimanche à Pennes, montre bien à quel point la stratégie peut parfois se révéler cruciale.

Ce qui fait la force de l'équipe Rapala pour le pêche du bass, c'est qu'ils combinent à la fois une excellente maîtrise technique et une très bonne connaissance du bass et de ses comportements.

Samir, en particulier, est une machine à skipper. Dans des secteurs hyper encombrés où la plupart des bassmen du circuit français sont contents de réussir un beau lancer sur deux et se contentent bien souvent de "posés" approximatifs en distance comme en discrétion, Samir se met en colère quand il "foire" un lancer sur cinq.

Le voir skipper un chatterbait, qui n'est pas un leurre anti-herbe, sous les branches et dans les ronces, et le poser quasiment contre la berge presque à chaque fois est un spectacle impressionnant. On imagine les heures de pratique que cela suppose...
Et comme si cette supériorité technique ne suffisait pas, elle s'accompagne d'une connaissance du poisson et d'un sens de l'observation qui leur permet de s'adapter rapidement en devinant ce qui est en train de se passer dans la tête du poisson.

Par exemple à Agde où ils captent que l'approche au moteur électrique cale les bass, très éduqués.
Et encore cette fois-ci à Pennes où, quand la plupart des compétiteurs redoublent de finesse et ralentissent leur animation, ils comprennent que c'est au contraire en pêchant très vite que l'on peut les prendre.

Une règle que Samir a résumée ainsi lors de la remise des prix : "il ne faut pas oublier que le bass n'a que trois neurones, et que quand il ne veut pas manger on peut encore le faire réagir".

Toutefois, si ce deuxième quota (moyenne 37 cm) permet à l'équipe Rapala de remporter le classement bass de la seconde manche, il ne le met pas définitivement à l'abri pour ce qui est du classement général.
En effet, à deux heures de la fin de cette manche d'autres équipes qui ont moins bien réussi au bass ont néanmoins réussi à prendre d'autres espèces et à marquer des points.

C'est notamment le cas de l'équipe Hayashi - Steff (Lucky Craft), qui avec 3 bass et un brochet de 58 cm dans la seconde manche, alors qu'ils étaient septième le samedi (quota de bass), deviennent des challengers à prendre au sérieux. Un poisson de plus et ils passent premier au général. Ils ont pêché en texan (Hayashi) et au crankbait (Steff).

Idem pour l'équipe Pouches - Hygonnet (Pafex - Bassboat Europe), qui réussissent une belle seconde manche, avec deux bass et un brochet de 84 cm, le "big pike" du concours. Sixièmes le samedi, eux aussi peuvent prétendre au titre pour peu qu'ils parviennent à rentrer un ou deux bass de plus.

Samir et Nasser ont donc besoin d'un poisson supplémentaire, perche, brochet ou sandre, pour assurer leur victoire. Ils ratent un poisson au shad en linéaire conter la bordure, et le leurre revient balafré : ils viennent peut-être de laisser passer leur chance, d'autant que la période d'activité de milieu de matinée, où il s'est pris quelques brochets et sandres, semble tirer à sa fin.

Samir et Nasser décident alors de passer au sandre en verticale. Il faut noter un beau geste de Marc Tissot qui, en fin de manche et sachant qu'il avait perdu toutes ses chances, indique à Samir (qui ne connaît pas le parcours) son meilleur spot à sandre, une grosse cassure en milieu de rivière, et lui laisse la place.

Mais les sandres sont aux abonnés absents, et mis à part quelques "touchettes" inferrables l'équipe Rapala ne réussira pas à marquer de points supplémentaires.

Par chance pour eux, les poissons sont désormais en grève pour tout le monde et les deux équipes les plus menaçantes (Lucky craft et Pafex), ne réussiront pas à rajouter à leur score le ou les bass qui auraient fait basculer la victoire dans leur camp.


Finalement ce sont Laurent et Tristan Poulain (Pure Fishing - Humminbird - Bassboat Europe) qui vont s'adjuger la seconde place de cette manche avec une jolie pêche de trois bass, une perche et un sandre.

Bilan de la seconde manche : Hayashi - Steff sont premiers, les Poulain seconds, Samir et Nasser troisièmes. Tout le monde retient son souffle pour le classement général : trois équipes peuvent en effet prétendre au podium, mais on ignore encore dans quel ordre...

Finalement le verdict tombe : Samir et Nasser premiers, Hayashi - Steff seconds, Pouches et Hygonnet troisièmes.
Tissot et Maucci rétrogradent à la quatrième place, Ampaud et Charrais à la septième, devancés par Segura - David et les Poulain.

Cette manche de l'AFCPL Tour voit donc Samir et Nasser renforcer leur position de façon quasi irrémédiable en tête du classement bass 2008, et marquer de nombreux points-place au classement général annuel. La famille Poulain, déjà en tête du classement général 2008, réussit également une bonne opération en consolidant à la fois sa position et sa réputation d'équipe très régulière y compris quand c'est difficile.

Une réussite unanimement saluée

C'était la première manche AFCPL sur le Lot et à Penne d'Agenais. L'organisation a été excellente, les commissaires sérieux et motivés, et tout le monde, organisateurs comme compétiteurs, a salué la bonne ambiance qui a régné pendant ces deux jours.

En particulier, la mairie de Penne a eu la bonne idée d'organiser un bal populaire en même temps que le repas du samedi soir, avec mélange des convives et feu d'artifice.
Un côté festif qui a beaucoup plu et qui devrait être encore accentué l'an prochain, puisque c'est carrément la fête annuelle de la Ville de Penne qui devrait se tenir en même temps que le concours 2009.

Il ne fait guère de doute que cette manche de Penne d'Agenais devrait vite devenir la date AFCPL incontournable pour les fanas de blackbass et tous ceux qui visent un résultat au classement annuel pour cette espèce. Rendez-vous donc en 2009...

Le classement du concours de Penne d'Agenais 2008

Classements détaillés

  Détail des classements par espèces - Manche 1 - Manche 2 - Général

   Classement complet de la manche 1

  Classement complet de la manche 2

L'album photos

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