Séjour juin 2006 à Vastervik |
La pêche a varié tout au long de la semaine de « difficile » à « très difficile », et seuls les plus acharnés ont pu tirer leur épingle du jeu en pêchant sans relâche du matin au soir (et Dieu sait que les journées sont longues en juin en Suède : seulement 3 heures de nuit.)
Le bilan est donc mince : une centaine de poissons capturés pour 5 bateaux, soit 10 pêcheurs et 6 jours de pêche, sachant que deux barques ont touché dans les trente poissons (celle de Stéphane Weiss et la mienne). De plus, les « bigs » n'étaient pas au rendez-vous : la plus grosse prise fût de 90 cm, il s'est pris 5-6 poissons entre 80 et 87, et le reste tournait autour des 60-70. Petit séjour, donc, quand on connaît le potentiel de Vastervik. Quelques gros poissons ont été vus ou décrochés. Dans l'ensemble d'ailleurs nous avons eu beaucoup de suivis, de tapes sans suite ou de décrochages dans les premières secondes du combat, signe que les brochets n'étaient pas franchement mordeurs, mais qu'ils étaient tout de même bien là.
Il faut noter que la pêche était difficile pour l'ensemble des clients du camp, mais que ceux qui sont sortis avec les guides suédois Anders ou Daniel sur des secteurs très éloignés (leurs spots secrets.) ont connu nettement plus de succès. Du coup, certains ont regretté de n'avoir pas été mieux informés de cette possibilité. Cela les aurait incité à réserver une journée de guidage qui leur aurait « garanti » un plus du mètre.
En réalité les choses ne sont pas aussi simples, car s'il est clair qu'une sortie avec ces guides permet d'augmenter ses chances de façon significative, il ne faut pas en conclure que pour faire du poisson et du gros à Vastervik c'est la seule solution. Sur d'autres séjours, les clients qui ont pris un guide ont moins bien réussi que sans guide. Avec du recul on s'aperçoit donc que, comme toujours à la pêche, il n'y a pas UNE vérité mais plusieurs, en fonction des périodes de l'année, etc.
Les journées de guidage coûtent très cher, surtout si l'on applique le tarif officiel. Dans la pratique il est possible de « s'arranger » avec les guides et de payer moins cher (120 euros par jour et par pêcheur tout de même), mais si l'on réserve à l'avance depuis la France c'est le plein tarif qui s'applique, et là le budget pour la semaine n'est plus le même.
Mon sentiment perso est que si vos moyens vous permettent de prendre une journée de guidage dans la semaine (de préférence en début de séjour), alors faites-le, surtout si vous doutez de votre niveau technique. Mais n'en faites pas une obligation non plus, pour peu que la pêche soit favorable il y a moyen de prendre de gros poissons sans guide à Vastervik, même si cela demande plus d'efforts de recherche, plus d'acharnement.
Une des difficultés (moins sensible en début de saison quand ils sont sur les bordures pour la fraie), réside dans le fait que les brochets de Vastervik, à la belle saison, se nourrissent essentiellement de harengs, qui vivent en banc, en pleine eau et en profondeur (6-8 mètres). Ils chassent donc au large, puis remontent sur les haut-fonds de 2 à 4 mètres où l'eau est plus chaude (zone de repos). On les pêche sur ces zones, mais ils n'y sont pas très mordeurs : ils digèrent posés sur le fond, comme en témoignent les sangsues collées sur leur ventre. C'est ce qui explique les suivis et attaques pas franches.
Pour arriver à les prendre dans ces conditions, il faut pêcher assez loin du bord, sur des plateaux de pleine eau (ce qui suppose une bonne connaissance des lieux ou une certaine habitude de la pêche en grand biotope), et animer lentement, entre deux eaux ou au ras du fond. Ce n'est pas par hasard si le leurre souple a donné certains jours des résultats très supérieurs aux jerkbaits (plus agressifs et pêchant plus haut).
Toutefois, l'été, à certaines heures de la journée, et notamment par vent soutenu, les brochets peuvent monter sur des hauts-fonds balayés par les vagues, et là ils se montrent nettement plus agressifs. Les meilleurs secteurs dans ces cas-là sont les « selles » entre deux îles, les culs d'île ventés, et les bordures extérieures des récifs (celles donnant sur le profond). C'est en recherchant ce type de postes sur la carte marine (notamment dans la zone de l'archipel) et en les pêchant rapidement en dérive, que les meilleurs résultats ont été obtenus.
Sur la « Old Bay », la stratégie était un peu différente, les coups étant moins diversifiés. Perso j'ai préféré m'acharner par dérives successives sur deux-trois secteurs où je savais que de beaux poissons étaient rassemblés (pour en avoir pris ou fait monter). Cette stratégie de l'obstination s'est révélée payante, à défaut de faire des miracles, avec une dizaine de poissons dans la journée, dont un 90 et deux 85-83, quasiment tous pris au leurre souple entre deux eaux en récup linéaire.
- le Buster Jerk dans ses deux tailles, notamment la couleur « parrot » (perroquet). C'est vraiment le grand classique pour cette destination, mais il est surtout efficace par temps venteux, quand les brochets sont un tant soi peu agressifs et qu'ils acceptent de monter (ou alors il faut pêcher très lentement avec de longues pauses).
- Le Zalt coulant, couleur Parrot ou bleu, est intéressant pour les périodes de faible activité. Il pêche plus profond (surtout le gros modèle), et nage moins, ce qui plait aux brochets inactifs qu'une animation trop désordonnée rebute. C'est un leurre que je n'apprécie que moyennement, mais dont l'efficacité est incontestable. Attention aux chocs sur les rochers ou le bateau, il est assez fragile et se fend facilement.
- Le Salmo Slider 12 cm coloris « real roach » (gardon réaliste). Ce leurre est tout simplement génial, il faut l'avoir à tout prix. Il s'est révélé étonnamment efficace dans des conditions très difficiles : mer d'huile, plein soleil, eau claire (visibilité de plusieurs mètres). Ramené tout simplement en continu, comme une cuiller tournante mais pas trop vite, il se dandine alors sur lui-même en inclinant ses flancs alternativement vers le bas. J'ai vu les brochets monter tranquillement mais sans hésitation du fond pour le gober et redescendre avec le leurre dans la gueule, alors que rien ne semblait pouvoir les décider.
On peut aussi l'animer de façon classique pour du poisson plus agressif, il oscille sur place en coulant verticalement lors des pauses, bref c'est un leurre complet et techniquement très abouti. Seul reproche : il est un peu petit (enfin, pour un gros jerkbait), et se laisse facilement engamer du fait de sa forme compacte. Prévoir les pinces coupantes...
- Le Shad TO AMS, en 18 et 24 cm, coloris blanc perle et surtout chartreuse - dos vert. Monté sur un plomb sabot 10 ou 15 grammes avec un hameçon voleur monté sur tresse blindée, ce leurre souple a été carrément mortel, notamment un certain jour sur la Old Bay, où j'ai fini par en « prêter » un à Gilles, mon compagnon de barque, qui malgré son flegme commençait à craquer un peu. (on en était à un score du genre 10 poissons touchés à zéro). Dans l'heure qui a suivi, il a battu deux fois son record (90 et 86). La technique est simplissime : lancer, laisser couler une ou deux secondes, puis ramener régulièrement, juste assez vitre pour sentir la queue du swimbait vibrer dans la tresse. C'est tout.
Inconvénient de ce leurre : sa fragilité. Il se fait rapidement laminer par les dents des brochets. Prévoir un briquet pour faire des soudures, mais sans espérer de miracles. Je suppose que l'on doit pouvoir trouver un équivalent dans une autre marque, avec un plastique moins tendre, mais les résultats seront-ils aussi bon ? C'est à creuser.
- Le Storm Kickin' Minnow 15 cm, couleur blanc nacré. Un bon leurre pour les conditions difficiles (eau claire et calme, temps ensoleillé), dans des fonds de 2-3 m. Utilisation en récup linéaire de base, mais laisser couler plusieurs secondes avant de commencer, car le 15 cm coule lentement. Le gros modèle est limite inutilisable tant il est lourd (150 g), quel dommage qu'il n'y ait pas une taille intermédiaire entre les deux. Bonne résistance aux dents des brochets.
- Le Freddy (Illex), s'est montré intéressant dans les mêmes conditions difficiles que celles décrites pour le Salmo Slider (grand soleil, eau claire, pas de vent), et avec la même technique de récup linéaire lente 50 cm sous la surface. Il fait parfois réagir des brochets apathiques. En revanche nous avons trouvé que les décrochés étaient fréquent, peut-être que les hameçons sont un peu sous-dimensionnés par rapport à la taille du leurre. J'essaierais de les changer pour voir.
Chaque séjour de pêche apporte son lot d'informations techniques, et celui-ci n'a pas fait exception. Parmi les membres du groupe, nombres étaient impatients d'essayer ces gros jerkbaits en France à leur retour, après avoir mesuré leur efficacité en Suède, et pas seulement pour les gros poissons (et pour cause.).
À la pêche on en apprend tous les jours, c'est ce qui fait son charme. Personnellement j'avais décidé de tester pour le gros jerkbait un ensemble casting plus light, avec notamment un moulinet profil bas, plus agréable à la longue que l'incontournable Abu Ambassadeur 55. J'avais donc monté sur ma canne Rozemeijer 2jerk-it 60-100 g un petit moulinet Tempo Quantum TM401C (4 roulements), avec une tresse Balzer Iron Line 25/100.
Et je peux dire que ce type de moulinet est carrément génial pour cette technique. Pas de crainte à avoir, à mon avis, au sujet d'une usure prématurée du mécanisme, puisque ces jerkbaits ne résistent pas du tout à la récupération. Le confort de pêche est supérieur à celui qu'on obtient avec un gros modèle style Ambassadeur ou Calcutta, surtout si l'on n'a pas de grosses mains. Bref je n'ai eu qu'à me féliciter de cette expérience, et mes Abu Ambassadeur risquent de voir le soleil moins souvent...
Pour ceux qui sont réfractaires au casting, Alain Cavard m'avait signalé avant mon départ un modèle spinning intéressant et abordable, chez Hart. Il s'agit de l'Expression SXHA 700 : 7 pieds (2,10 m), action extra-heavy 14-80 g, deux brins, tout en anneaux tripattes, vendue dans les 100 euros. Du coup je l'avais commandée mais elle est arrivée trop tard pour faire le voyage. Je l'essaierais ici dés que possible, elle a l'air pas mal, même si perso je préfère le casting pour cette technique. Je remarque d'ailleurs que cette canne existe en version casting 1,80 m, monobrin. Ce serait à tester également.
Pour Vastervik, évitez les gros moulinets spinning style moulin à carangue. Mon compagnon de barque s'est coltiné un Saltiga toute la semaine, et c'est inutilement lourd. Pour pêcher le brochet, même gros, pas besoin d'un frein d'enfer ni de pignons de camion :-) Un bon moulinet classique taille 4000 ou même 3000 fait parfaitement l'affaire.
Perso j'avais emporté pour le leurre souple un Okuma VS40 garni d'une tresse Iron Line également, mais en 18/100. Ce moulinet est vraiment sympa, robuste, et le frein est fiable, je l'utilise depuis le début de l'année sans la moindre défaillance. En règle générale Okuma est une valeur sûre, et une marque qui monte en puissance question technicité.
Je l'avais monté sur une canne Shakespeare Zenith Power Pilk, 2.10 m, 30/190 g (puissance grossièrement surévaluée, qui correspond en réalité plutôt à du 30-80 g). C'est une super canne, puissante et nerveuse mais pas raide, et pas chère, malheureusement difficile à trouver en France (distribuée par Sanger).
- lotion anti-moustique légère. Il n'y en a pas des milliers mais ils peuvent être pénibles le soir au chalet et sur les îles lors de la pause déjeuner.
- Crème ou lotion hydratante pour le visage, genre crème Nivéa ou même Biafine. Vastervik c'est la ruine pour la peau du visage, entre le vent, le soleil, les chauds-froids et le sel.
- Pinces coupantes fortes (capable de couper votre plus gros hameçon triple). Plusieurs hameçons plantés dans les mains lors de ce séjour, dont un magnifique « 3 branches » par moi-même. Dans ces cas là on est content de ne pas avoir lésiné sur la qualité de l'outil... Sans pinces, c'est retour au camp (une heure de bateau...). Prévoir également un désinfectant. Et des hameçons de rechange...
- Assez d'argent liquide, car au camp les cartes ne sont pas prises, et chaque jour, il faut payer l'essence, des leurres de rechange (ou de repli), la caution, etc. C'est toujours la chasse au liquide dans le groupe. Prévoir 800-900 SEK (couronne suédoise, soit 85-100 euros) pour la nourriture et l'essence voiture, plus 300 euros pour : la caution (récupérée à la fin), l'assurance dommage au bateau (facultative mais fortement conseillée...), le sondeur, l'essence bateau et quelques leurres. Avec ça en principe vous êtres parés. Rajouter 120 euros si vous prenez une journée de guidage, et 60 euros(120 par bateau pour la semaine) si vous prenez l'option moteur électrique en plus (pas vraiment utile et trop cher à mon avis). En Suède vous ne pourrez pas retirer d'euros.
Voilà. Un grand bravo et merci aux membres du groupe pour leur bon esprit. En dépit des difficultés l'ambiance est restée amicale et passionnée jusqu'au bout. Il est vrai que la beauté et la grandeur des paysages aident à rester zen quand le poisson boude.
Voir le reportage complet sur Vastervik et les gros brochets de la Baltique + la gallerie de photos.